Crise en Guadeloupe: un médecin "mis en joue" à un barrage, des tirs contre des policiers

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Risque-t-on une escalade de la violence? Alors que l'exécutif a vivement condamné lundi les violences urbaines et pillages et appelé au calme face à la "crise très explosive" en Guadeloupe, en proie à une contestation sociale liée à l'obligation vaccinale contre le Covid, en reconnaissant "un dialogue nécessaire" avec les élus, les tensions demeurent.
A tel point que des passages à certains barrages, comme l'envoyé spécial de RMC a pu le constater, se fait de manière particulièrement tendue. L'Agence régionale de santé de Guadeloupe a dénoncé les intimidations avec, notamment, un médecin "tenu en joue", menacé avec un "fusil à pompe".
L'ARS fustige "les agressions physiques que les professionnels de santé ont subies ces derniers jours alors qu'ils allaient soigner les pères, les mères et les enfants de Guadeloupe".
Tirs à balles réelles
Ce mardi, le ministre des Outre-mers Sébastien Lecornu a déploré mardi des tirs contre les policiers en Guadeloupe en assurant qu'il fallait décorréler ces violences de la contestation de l'obligation vaccinale, à laquelle le gouvernement cherche des solutions dans la concertation.
"On n'a pas de violence urbaine, au moment où je vous parle, mais malheureusement ces dernières heures, nous avons eu des tirs contre des policiers, notamment à Pointe-à-Pitre", a déclaré le ministre sur France 2. "On voit bien qu'on n'est pas sur une question sanitaire et sociale, on est sur des bandes, on est sur des voyous, on est sur des personnes qui sont malheureusement déjà défavorablement connues des services de police ou de la justice qui se servent de cette crise pour s'exprimer dans la violence, et ça pour le coup, la réponse du gouvernement, elle est implacable, elle est claire, elle est ferme: l'envoi du Raid et du GIGN", a-t-il indiqué.
Le rétablissement de l'ordre public en Guadeloupe est le "préalable à toute discussion", a averti de son côté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ajoutant que des gendarmes avaient été la cible de tirs à balles réelles.
Après avoir "condamné avec la plus extrême fermeté" les violences, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la création d'une "instance de dialogue" afin de "convaincre et d'accompagner individuellement, humainement" les professionnels concernés par l'obligation vaccinale. Finalement testé positif au Covid-19, il s'exprimait à l'issue d'une réunion qui s'est tenue en visioconférence avec les élus de l'île antillaise.
Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a assuré la Guadeloupe de la "solidarité" de la nation et demandé de "ne rien céder au mensonge et à la manipulation par certains de cette situation". "On ne peut pas utiliser la santé des Françaises et des Français pour mener des combats politiques" et "il faut que "l'ordre public soit maintenu", a-t-il souligné sur un ton apaisant.
La Guadeloupe, qui connaît un fort taux de chômage atteignant 35% chez les jeunes, est secouée aujourd'hui par un mouvement, ayant pour origine la contestation de l'obligation vaccinale des soignants, qui a dégénéré en crise sociale émaillée de nombreuses violences dans la nuit de jeudi à vendredi, quand ont débuté des violences et des pillages.