"Ça ne sert à rien": la charge d'Henri Proglio, ex-patron d'EDF, contre les éoliennes et le photovoltaïque

Retour au Sénat ce mardi pour la proposition de loi de programmation de l'énergie après avoir été rejetée par l'Assemblée nationale. Le texte doit répondre aux enjeux climatiques et veut réduire drastiquement notre consommation d'énergie fossile pour 2030. Pour y parvenir, il faudra privilégier donc l'énergie décarbonée et la porter à hauteur de 58% contre 40% actuellement.
Le texte prévoit donc la relance massive du nucléaire avec la construction de 14 nouveaux réacteurs au lieu des 6 sur lesquels planche déjà EDF. En complément, la proposition de loi veut permettre le développement du renouvelable avec l'éolien et le photovoltaïque, des énergies vertes mais qui coûtent cher.
"On n'en n'a pas besoin", tacle ce mardi sur RMC et RMC Story Henri Proglio, ancien PDG d'EDF qui estime que la meilleure "énergie verte" reste l'hydraulique:
"Il faut tout miser sur l'hydraulique et le nucléaire, le reste on n'en n'a pas besoin", insiste l'ancien énergéticien qui assure que l'électricité française "n'émet pas de gaz à effet de serre et rend la France vertueuse en la matière".
Un virage vers le renouvelable pour des raisons politiques?
Mais selon lui, "pour des raisons politiques et de circonstances, la vague verte fait qu'il faut donner satisfaction à ce parti-là pour avoir une majorité gouvernementale", ajoute Henri Proglio à propos des écologistes qu'il accuse de n'avoir qu'un programme anti-nucléaire.
"On n'avait pas besoin d'énergie supplémentaire. Et le nucléaire et l'hydraulique sont des énergies pilotables, elles sont disponibles quand on en a besoin et par définition gérables. Le photovoltaïque (le solaire) et l'éolien sont non-pilotables et dépendent du vent et du soleil", rappelle-t-il. Résultat, le choix stratégique du mix énergétique serait "catastrophique" pour l'électricité et la France.
Quant à l'ouverture à la concurrence, Henri Proglio dénonce "une escroquerie". "Il n'y a pas de concurrence au fond. La décision est prise sous la pression de Bruxelles avec une complaisance coupable du gouvernement français alors qu'il n'y a pas de concurrents à EDF".
"On impose à EDF de revendre le quart de sa production électro-nucléaire à un prix inférieur à son coût de revient. Les concurrents vendent l'énergie d'EDF aux clients d'EDF à un prix supérieur, c'est de l'abus de biens sociaux", dénonce Henri Proglio.
"On a voulu casser un outil qui avait toutes les vertus. On avait un service public efficace, pourquoi l'avoir abîmé à ce point-là? On a désintégré EDF", ajoute-t-il
Sortir du marché européen, la solution?
Dans ces conditions, l'ancien patron d'EDF estime qu'il faut sortir du marché européen de l'énergie: "La France doit réagir, revenir à une situation qui doit avantager les Français, les discours des politiques ça va, mais j'aimerais des actes".
Le prix de l'électricité à l'intérieur du marché européen commun est fixé par le coût de production de la dernière centrale utilisée pour satisfaire une demande. En général, les sources de production les moins chères, nucléaire et renouvelable, sont utilisées en premier, avant le charbon et le gaz, plus cher et plus pollué. Ainsi, le prix de l'électricité en France est souvent déterminé par une centrale à gaz, souvent située en Allemagne.
Ce mardi à 8h, la France produisait une énergie bas carbone à 99% dont 25% de renouvelable. A la même heure, l'énergie allemande, constituée à 64% de renouvelable, n'était décarbonée qu'à 68% en raison de l'utilisation de centrale à charbon pour assister l'éolien et le photovoltaïque, selon Electricty Maps.

Conséquence, l'intensité carbone de la France était de 18g CO₂eq/kWh, grammes d’équivalent Co2 par kilowattheure, mesurant les émissions de gaz à effet de serre issues de la production d’électricité. Outre-Rhin cette intensité carbone était de 326g CO₂eq/kWh, soit 18 fois plus émettrice de Co2.