Energie solaire: comment expliquer le coup de frein brutal du gouvernement?

Le gouvernement a ouvert vendredi pour consultation finale la dernière version de sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), ce plan en cours d’élaboration depuis 2021 qui vise à définir la trajectoire de notre transition énergétique vers des énergies moins carbonées. La principale sensation, c’est la révision à la baisse des objectifs de production du solaire.
L’explication : la consommation d’électricité verte augmente moins vite en France que la production. D’un côté, tout un tas de nouveaux usages électriques, au premier rang desquels la voiture, prennent du retard. De l’autre une production qui augmente encouragée par les incitations fiscales. Du coup des périodes de plus en plus fréquentes fréquentes de surproduction, dans lesquelles les prix de l’électricité sont négatifs!
Les dispositifs d’aide sont revus à la baisse
Les aides vont diminuer pour les plus petits projets, qui seront soutenus surtout dans les cas d’autoconsommation. et les très grands. Mais le plus dur, c’est la révision du soutien public aux petites et moyennes installations sur toiture. Le gouvernement souhaite diminuer fortement le tarif d’achat de l’électricité produite par ces panneaux, avec un effet rétroactif, ce qui revienbdrat à condamner presque tous les nouveaux projets.
Le 12 février dernier, l’État a présenté un projet de texte visant à limiter le soutien aux petites installations photovoltaïques. L’objectif affiché : recentrer les aides sur les installations en autoconsommation tout en réduisant le tarif de rachat du surplus injecté sur le réseau. Un changement qui s’appliquerait de manière rétroactive au 1er février 2025, laissant des milliers de particuliers dans l’incertitude.
Toute la filière est fragilisée
Le conseil supérieur de l’énergie (CSE) n’est pas d’accord avec le coup de frein brutal que le gouvernement entend donner aux installations solaires de petite et moyenne puissance.
Le syndicat professionnel redoute des effets comparables à ceux du moratoire de 2010, "qui avait conduit à la destruction de près de 20 000 emplois".
Ce sont 67.000 emplois, dont 5.000 installateurs qualifiés, qui sont menacés. Sans compter les effets consécutifs sur les secteurs du bâtiment, de l’industrie locale et du monde agricole.
Les mesures proposées risquent non seulement de compromettre l’essor de milliers d’installations et d’affaiblir considérablement les entreprises locales, elles marqueront également l’arrêt du modèle de transition énergétique portée par les collectivités territoriales.