"On ne choisit pas d’être obèse, c'est une maladie": une compagnie aérienne met fin au 2e siège gratuit

"Si vous avez la grippe, vous allez payer deux billets d’avion ? Personne n’a envie d’être obèse !" Mathieu, chef de cuisine, pèse aujourd’hui 142 kilos. Ancien sportif, il raconte avoir longtemps lutté: régimes, sport, volonté… en vain. "Je suis passé de 78 kilos à 171. J’ai toujours essayé de me battre, mais l’obésité revient. On est discriminés en permanence. On nous accuse de ne pas faire d’efforts, on nous traite de gros porcs. La société craint les obèses, elle ne veut plus s’en occuper."
Son coup de gueule intervient sur RMC au micro d'Estelle Midi alors que la dernière compagnie low-cost américaine à offrir un siège supplémentaire gratuit aux voyageurs obèses a annoncé la fin de cette politique dite Customer of Size.
À compter du 27 janvier 2026, les passagers à forte corpulence devront réserver et payer deux sièges à l’avance. S’ils n’occupent finalement qu’un seul fauteuil parce que l’avion n’est pas complet, ils pourront déposer une demande de remboursement — dans les 90 jours suivant le vol. Mais en cas de réservation simple et d’encombrement d’un siège voisin, la compagnie se réserve le droit de refuser l’embarquement et de reporter le passager sur le vol suivant… à condition qu’il règle un deuxième billet.
"Pourquoi devrions-nous payer nos maladies?"
Pour Mathieu, cette règle est vécue comme une double peine : "Quand je dépasse 140 kilos, je me retrouve coincé dans mon siège. Je comprends que ce ne soit pas agréable pour les passagers d’à côté, mais ce n’est pas un choix, c’est une maladie. Pourquoi devrions-nous payer nos maladies ? On paie déjà nos vêtements plus cher. Si quelqu’un a un cancer, on va lui demander de payer plus cher son avion aussi ?"
Le cuisinier appelle les compagnies à adapter leurs standards : "Elles pourraient prévoir quelques sièges adaptés, pas cinquante, juste quelques-uns. Au Brésil, dans les transports, il existe déjà des places réservées aux personnes obèses."
"25 ans de combat"
Une indignation partagée par Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif National des Associations d’Obèses. "C’est 25 ans de combat. Ce que font ces compagnies, c’est de la stigmatisation et de la méconnaissance. On ne choisit pas d’être porteur d’une pathologie. L’obésité a plus de 600 causes possibles, dont la génétique."
Et les chiffres sont inquiétants : "La France compte 10 millions de personnes obèses. L’OMS estime qu’on sera 20 millions d’ici cinq ans. C’est un fléau. Les compagnies ont une obligation : assurer le confort et la sécurité de tous. Cela suppose d’améliorer leurs standards, pas de sanctionner les malades."
Au-delà de la dignité, c’est aussi la santé qui est en jeu : "Un passager mal installé court un risque de phlébite, qui peut se déclarer jusqu’à trois jours après le vol. Cela peut entraîner un arrêt cardiaque. C’est dangereux."
Et en France ?
La politique d’Air France se veut moins brutale. La compagnie propose aux passagers à forte corpulence de réserver un second siège avec une réduction de 25 % sur le tarif du deuxième billet. Si le vol n’est pas complet, le coût de ce siège peut être remboursé.