Pompes à chaleur: pourquoi la France est-elle loin des objectifs affichés?

Les objectifs ambitieux du président de la République Emmanuel Macron de produire 1 million de pompes à chaleur en France par an d'ici 2027 ont du plomb dans l'aile. En 2024, 170.000 ont été produites selon les chiffres du secteur, en hausse par rapport à 2023, comme le rappelle nos confrères du Parisien.
Les Français n'investissent plus trop dans ce système de chauffage, refroidis par l'inflation et son prix: entre 12.000 euros et 18.000 euros sans compter les aides, pour les pompes air-eau.
Audrey Zermati, directrice de stratégie chez Effy, qui se présente comme un leader de la rénovation énergétique en ligne, estime que la raison principale de cette baisse de l'intérêt des Français serait liée à la hausse du prix de l'électricité depuis un an (la pompe à chaleur fonctionnant à l'électricité). Une chaudière à gaz ne coûte par comparaison que dans les 4.000 euros environ.
"Cela reste intéressant"
"Compliqué, avec les factures qui flambent à +45% en moyenne depuis un an, même si ça reste intéressant pour baisser sa facture par rapport au gaz ou au fioul...", assure Audrey Zemati dans Charles Matin sur RMC. "Cela consomme 40% de moins qu'une chaudière fioul", poursuit-elle.
Pas de quoi séduire les Français, d'autant que les procédures administratives ne sont pas de tout repos. Les règles des aides MaPrimeRénov évoluent rapidement et les dossiers peuvent connaître de nombreux retards. "Cela crée de l'incertitude et certains croient même que les pompes ne sont plus aidées", concède Audrey Zermati.
Les producteurs font ainsi grise mine et de nombreux sites industriels tournent au ralenti, voire connaissent des suppressions de postes.
"L’ensemble du secteur n’est pas loin de la catastrophe industrielle", va jusqu'à dire au Parisien Régis Luttenauer, le directeur général France de Vaillant Group, un des producteurs du secteur.
"Il faut stabiliser les aides"
Que faire pour enrayer cette spirale? Audrey Zermati estime qu'il faut surtout stabiliser les aides pour les rendre plus claires aux yeux des Français et des industriels qui comptent investir dans cette techlogie.
"Il faut stabiliser les aides. Il y a eu trois ou quatre réformes qui ont modifié les critères, ça crée de l'attentisme, les gens se méfient et se disent qu'ils ne vont pas les avoir alors qu'on a des aides qui peuvent aller jusqu'à 9.000, 10.000 euros et sans compter les aides locales, ça reste très intéressant", juge la spécialiste du secteur.