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Parler politique au bureau? "Je n'ai pas envie de m'embrouiller avec mes collègues"

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Selon un sondage Yougov publié lundi, près des trois quarts des Français parlent politique sur leur lieu de travail. Mais en parler ne veut pas forcément dire livrer le fond de sa pensée, certains préférant même mentir pour obtenir une augmentation ou se faire bien voir de ses collègues. Reportage RMC dans une start-up parisienne.

On pourrait croire que c'est un sujet à éviter au bureau. Et pourtant, 73% des Français admettent parler politique sur leur lieu de travail, selon une étude Yougov, publiée lundi 30 janvier. La majorité des sondés assurent qu'ils ne mentent pas sur leurs convictions, et seuls 12% des personnes interrogées ne parlent pas de leurs réelles convictions. Ce qui n'empêche pas deux jeunes salariés sur dix de mentir sur leurs convictions… en espérant obtenir une augmentation.

"Il y a différents degrés dans le parler politique dans l'entreprise, explique sur RMC le sociologue Ronan Chastellier. Il y a ceux qui sont justes dans l'évocation, ceux qui sont dans le commentaire, ceux qui sont dans l'analyse et enfin ceux qui sont dans la propagande". Si parler politique au travail n'est pas tabou, cela reste toutefois nuancé, explique le sociologue.

"Généralement, on ne va pas directement dans une discussion politique frontale. Ce qui amène à en parler, c'est par exemple quand on aborde la situation économique, ou un fait divers qui concerne un politicien".

"On a un peu parlé de l'affaire Fillon"

"Parler politique au travail est une pratique qui n'est pas forcément aussi interdite qu'on pourrait le croire, en pensant à la hiérarchie, à la peur de perdre son boulot, acquiesce le sociologue Ivan Sansaulieu. Mais il n'y a aucune garantie que les gens mettent sur la table le fond de leur pensée".

En tout cas, c'est ainsi que ça se passe dans la start-up parisienne où s'est rendue RMC. A Black Market, où la moyenne d'âge est de 30 ans, si on parle politique, on n'entre pas dans le vraiment dans le fond. "Si on dit que c'est important d'aller voter, on ne prend pas partie en disant pour qui on doit aller voter, confirme Grégoire, un employé. D'ailleurs, je ne préfère pas savoir, parce que je n'ai pas envie de m'embrouiller avec mes collègues avec qui je dois passer 10 heures par jour".

Si l'actualité politique – année présidentielle oblige – s'invite à la machine à café, c'est surtout au second degré. "C'est vrai qu'on a un peu parlé de l'affaire Fillon. On rigolait en disant: 'ah merde, celui qui devait être intègre ne l'est pas non plus'… C'est toujours sur le ton de la blague plutôt qu'une discussion sérieuse", confirme Vianey Vaut, le créateur de Black Market. Ici, en tout cas, on ne fait pas comme ces 10% de sondés qui se disent prêts à mentir pour être mieux acceptés par leurs collègues.

P. Gril avec Thomas Chupin