Réunionite aiguë au bureau: Il ne faut pas forcément en faire moins, mais il faut mieux les faire

Selon une étude publiée ce mardi, les salariés passent en moyenne trois semaines par an en réunion, les cadres plus de 6 semaines. Des réunions nombreuses et loin d'être productives… Mais selon Sacha Lopez, co-auteur du livre "Guide de survie aux réunions", le problème n'est pas la réunion en elle-même, mais la manière de la mener.

Sacha Lopez est co-auteur du livre Guide de survie aux réunions et co-fondateur du cabinet de conseil Worklab.

"Collaborer à l'école ça s'appelle tricher, alors que dans la vie professionnelle, ça s'appelle travailler en équipe. Et en France on a besoin de réapprendre à collaborer, à travailler ensemble.

Une des portes d'entrée pour mieux travailler ensemble, c'est la réunion. Tout le monde en a et c'est un bon point de départ. Il y a aujourd'hui des nouveaux modèles d'organisation qui se mettent en place. Nous, on essaie d'accompagner les gens là-dedans.

Moi, j'étais consultant, donc j'ai eu un bon paquet de réunions inutiles. Après, je ne fais pas partie des gens qui considèrent qu'il faut supprimer les réunions. On part du principe que si on travaille dans une entreprise, c'est qu'on veut travailler à plusieurs et que le meilleur moyen de le faire c'est d'être au même endroit, au même moment, c'est-à-dire en réunion. La question, c'est plutôt que fait-on de ces réunions? Comment les rendre efficaces?

En France, on ne réfléchit pas aux nouvelles façons de travailler. Il y a souvent des tables rondes où chacun parle à tour de rôle, c'est très protocolaire et au final ce sont plus des jeux politiques ou des obligations que de vrais moments de production. Tout le monde regarde son portable mais personne ne suit vraiment tout ce qui se dit.

"On se retrouve avec des gens qui superposent des monologues"

Depuis tout petit, on ne nous apprend pas à collaborer. Il y a un premier de la classe. Donc on ne sait pas travailler en groupe, du coup on se retrouve avec des gens qui superposent des monologues.

Quand on fait des diagnostics, les salariés nous racontent le côté pesant et inutile des réunions. Surtout dans les grandes entreprises. Il y a des passages obligés en réunion et ce n'est pas forcément productif.

Il y a d'autres façons de faire des réunions, plus ludiques, plus attractives. Par exemple, nous proposons grâce à un jeu de cartes de permettre de dire aux gens comment ils se sentent avant une réunion. Ça peut paraitre tout bête, mais le fait de pouvoir laisser les gens s'exprimer lève énormément d'ambiguïtés ou d'incompréhension pour la suite.

Les réunions ne sont pas inutiles. Mais la façon de les faire est parfois tellement mauvaise que ça ne peut pas fonctionner. On a tellement peu réfléchi au principe de la réunion que dès que l'on fait les choses un peu différemment, ça fonctionne tout de suite et les gens adorent".

Propos recueillis par Paulina Benavente