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Faut-il relever l'âge de départ à la retraite? Le débat entre les économistes est loin d’être tranché

Les économistes restent très partagés sur la question de l’éventuel passage de l’âge de la retraite de 62 entre 64 ans.

Faut-il relever l'âge de départ à la retraite ? La question a agité le Conseil d'orientation des retraites ce jeudi. Cet organisme indépendant, qui conseille le gouvernement, s'est demandé ce qui se passerait pour les comptes publics si l'âge de départ à la retraite passait de 62 à 64 ans, comme le proposent plusieurs candidats à la présidentielle. Et pour une fois, à la fin de ses travaux, le Cor n'a pas émis de synthèses des échanges. C'est inhabituel, preuve que le débat est loin d'être tranché et que le sujet est trop sensible.

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Les effets positifs et négatifs s'annuleraient selon certains économistes

Prolonger l'âge de départ, ça ferait beaucoup de bien aux caisses des retraites. Moins de retraités et plus de salariés, c'est moins de pensions à verser et plus de cotisations qui tombent dans les caisses, tout le monde en convient. Plus compliqué, en revanche, de mesurer ce que coûterait un relèvement de l'âge pour l'économie dans son ensemble, parce que ça créerait plus de chômage: + 84.000 chômeurs. Car les seniors ont du mal à se maintenir dans l'emploi ou à en retrouver, mais aussi plus de pensions invalidité et handicap, plus d'arrêts maladie...

Et c'est là où les analyses divergent: certains économistes estiment que ces dépenses supplémentaires viendraient contrebalancer les économies réalisées et donc que l'impact au final serait faible, voire nul. Autrement dit, les effets positifs et négatifs s'annuleraient... C'est ce que pensent les économistes de l'OFCE, plutôt marqués à gauche, alors qu'en face, à l'inverse, les analyses du Trésor, donc de Bercy, montrent que le relèvement de l'âge légal permettrait de créer des emplois et donc d'améliorer la santé financière du régime.

Cela montre qu'en fait, c'est une question plus politique qu'économique. Comme il n'y a pas de consensus chez les experts, chacun voit ce qui l'arrange dans ces analyses... Et ça se traduit dans les propositions très diverses des candidats à l'Elysée : Anne Hidalgo et Yannick Jadot plaident pour le statu quo, Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Valérie Pecresse sont favorables à retarder le départ à la retraite, jusqu'à 64 ans voire 65 ans pour la candidate LR... A l'inverse, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel défendent un retour à la retraite à 60 ans.

Victor Joanin