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Il a quitté la capitale pour vivre en province: "J'étais arrivé en saturation, Paris, ce n'est pas la vie normale"

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Ras-le-bol des transports bondés et des prix parisiens? Selon une enquête de Cadremploi, six cadres franciliens sur 10 sont prêts à quitter Paris et la région parisienne pour s'installer en province. C'est le choix qu'a fait Jean-Etienne qui a quitté les bouchons de la banlieue parisienne pour Brest et ses embruns.

Jean-Etienne a 39 ans, et deux enfants de 7 et 4 ans. Il travaille aujourd'hui à Brest dans une agence de communication.

"Je suis arrivé à Paris en juillet 2010 pour le boulot. Et j'en suis reparti début août.

Paris, quand tu es jeune et célibataire, tout va bien, tu n'as pas vraiment de contraintes. Mais quand tu as des enfants, ça devient ingérable financièrement.

Quand les enfants ont commencé à grandir, l'idée de quitter Paris a commencé à nous titiller. Je ne serais pas forcément parti n'importe où, mais l'opportunité de partir à Brest s'est présentée. Je n'ai pas hésité deux secondes.

Moi je suis de Brest, donc j'ai toujours grandi proche de la mer. Et à Paris le week-end, je trouvais qu'il n'y avait pas grand-chose à faire avec les enfants en zone urbaine. Oui, il y a la forêt, mais ce n'est pas la mer. Je voulais faire grandir mes enfants dans un cadre un peu plus rigolo.

Et j'étais arrivé en saturation parisienne. Quand il y a un problème sur le RER, c'est la panique, tu dois aller chercher les enfants, tu ne sais pas si tu vas arriver à l'heure. A Brest, il n'y a pas d'embouteillages, tu ne te poses même pas la question d'arriver en retard ou pas.

J'ai l'impression que Paris n'est pas une vie normale. Le boulot, c'est important, mais il faut avoir le temps de profiter d'autre chose. A Paris, j'avais l'impression de passer mon temps au boulot, de dormir et de repartir. C'était vraiment métro-boulot-dodo.

Là je pars à 8h45 de chez moi, je suis au bureau à 9h. Et le soir, c'est pareil, je finis à 18h, je peux aller boire un coup et si je rentre, il est 18h15, j'ai le temps de profiter de mes enfants et de ma femme. A Paris, je partais de chez moi à 8h pour commencer à 9h, et je rentrais vers 19h, c'était l'heure de dîner et la journée est finie. A Versailles, on payait 1.100 euros pour 60m2, ce qui n'était pas très cher pour la région parisienne et à Brest, on peut avoir une maison avec jardin très bien située pour 800 euros par mois.

Hier, je suis rentré du boulot, on est partis à la plage. Tu revis des choses plus sympathiques. Le week-end, tu peux faire de la voile. Moi j'ai aussi toute ma famille ici, donc ça facilite les choses.

J'ai perdu en salaire, mais je me suis organisé pour avoir accès à des primes. Et puis, il y a beaucoup moins de frais. A Brest, on peut acheter une maison pour 200.000 euros pour le prix d'un loyer à Paris. Tout est un peu moins cher: les bars, les restos.

"Tout le monde sature un peu au bout d'un moment"

Quand j'ai annoncé mon départ à ma boss, elle a très bien compris les raisons de ma décision. Je pense que tout le monde sature un peu au bout d'un moment à Paris.

J'ai l'impression de repartir à zéro. Je bosse dans une agence de com' et on sent que les gens sont moins stressés. A Paris quand tu recevais un mail, il fallait répondre dans les 5 minutes. Ici, ça me surprend quant au bout de 24 heures, je n'ai pas de réponse à un mail et on me dit 'non, mais ne t'inquiète pas, tu as envoyé le mail hier, c'est normal que tu n'aies pas de réponse'. C'est une culture différente, c'est nettement plus zen. On prend le temps de bien faire les choses, de réfléchir.

Hier le n°2 de la boîte avec qui je m'entends bien me dit 'n'oublie pas de prendre ton maillot pour demain'. Et à la pause déjeuner on est partis pique-niquer sur la plage et on s'est baigné. C'est autre chose que la pause dèj au bord du périph.

Professionnellement parlant, je pense que j'ai un peu perdu. Le boulot sera peut-être moins valorisant, je rencontrerai certainement moins de monde mais c'est pour gagner en qualité de vie".

Propos recueillis par Paulina Benavente