Au moins 3.800 morts en Libye: une situation dramatique dans un pays en plein chaos

La conjonction d’une calamité aux proportions épiques tombée sur un territoire où règne le chaos. Une "calamité aux proportions épiques", ce sont les termes de l’ONU qui évoque une tempête jamais vue en Méditerranée: la tempête Daniel, qui a d’abord fait de gros dégâts en Grèce. Il est tombé sur la ville de Volos, en 24 heures, autant de pluie qu’il tombe à Paris en un an.
Puis la tempête a traversé la Méditerranée, lentement, s’est renforcée au-dessus des eaux très chaudes de cet été, et les pluies ont atteint dimanche dernier l’est de la Libye. Là, il est tombé autant d’eau en 24 heures que normalement en deux ans. Le ciel leur est tombé sur la tête.
Tout l’est de la Libye a été touché entre Benghazi et la frontière égyptienne, en passant par Tobrouk, mais c’est la ville de Derna qui a été la plus touchée. C’est une ville de 100.000 habitants, au bord la Méditerranée, l’ancienne capitale de la région de la Cyrénaïque.
Elle a été littéralement ravagée par les eaux, parce qu’elle a subi en même temps des vagues submersives venant de la mer et les flots du fleuve qui traverse la ville. Flot gonflé par les pluies mais surtout par la rupture de deux barrages qui n’ont pas résisté. D'énormes coulées de boue ont détruit les ponts et les immeubles. Un quart de la surface de la ville a été submergé, et des milliers de victimes emportées vers la mer.
Une catastrophe majeure qui intervient dans un pays totalement désorganisé
Il n’y a plus d'État en Libye depuis la mort de Kadhafi, il y a 12 ans, lynché par la foule après un bombardement français qui avait permis sa capture. Les Libyens sont alors directement passés de l’ordre de sa dictature aux désordres de la guerre civile. Le pays est aujourd’hui divisé en deux, avec un gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli et un autre autoproclamé à l'est, mais surtout avec des milices armées et beaucoup d'insécurité.
Le pays est aussi la principale voie pour la migration clandestine vers l'Europe. On estime que 600.000 migrants venant d’une quarantaine de pays africains sont actuellement en Libye. Des mafias locales les exploitent, les rackettent, les esclavagisent. Ce sont toutes les misères du monde qui s’accumulent depuis plus de dix ans dans ce pays.
Un désordre qui aggrave les conséquences de la tempête
Forcément, puisqu’il n’y a plus d'État à l’est du pays, il n’y a pas de service de météo, pas de prévisions, pas de système d’alerte qui aurait pu avertir les populations. Il n’y a pas non plus de services publics qui auraient pu entretenir les barrages ou anticiper qu’il risquait de céder.
Et une fois la catastrophe survenue, les services médicaux ne sont pas suffisants. On compte au moins 7.000 blessés, mais on compte aussi de nombreux hôpitaux et dispensaires qui ont été emportés par les flots.
Il y a une urgence humanitaire à laquelle plusieurs pays européens, dont la France, commencent à répondre. Avec quelques jours de retard, parce que ce pays est tellement désorganisé et isolé que l’on a pas tout de suite pris la mesure du drame.