Couronnement de Charles III: entre passion et scepticisme, un Royaume pas si uni?

Samedi c’est le couronnement du Roi Charles III. Huit mois après le décès de la Reine Elizabeth II, une cérémonie à l’abbaye de Westminster officialisera son titre, elle sera suivie d’une procession.
Plus de 24h avant le début des festivités, c’est déjà l’effervescence à Londres. Que ça soit le portrait de Charles affiché sur de nombreuses boutiques, les ouvrages sur la famille royale dans les vitrines des libraires ou bien le drapeau du pays, le fameux “Union Jack” flottant dans les plus grandes rues de Londres, on se rend vite compte que quelque chose se prépare. Partout les touristes affluent et les écrans géants sont déjà installés dans les parcs pour retransmettre la cérémonie.
"Je ne raterai ça pour rien au monde"
Le plus marquant, ce sont évidemment les abords du palais de Buckingham. Tentes et chaises de camping prolifèrent. Les inconditionnels de la famille royale sont déjà en place pour ne rien rater du défilé, pour voir le roi Charles et la reine Camilla en calèche, des centaines de militaires, les chevaux de la garde royale.
Collée derrière sa barrière, Mandy, à la retraite, a fait près de 250 km depuis le centre de l’Angleterre pour se retrouver ici avec sa sœur, sa tante et des amies. Elle est arrivée jeudi matin. Elle a pris son costume, sa couronne, et du vin pour tenir jusqu’à samedi.
“C’est l’endroit où il faut être ! On va rester ici, dormir sur nos chaises longues, chanter, participer à toutes les célébrations. Les gens me demandent pourquoi je ne regarde pas ça à la télé, mais l’atmosphère ici est indescriptible. C’est incroyable, je ne raterai ça pour rien au monde. Ça va tous nous rapprocher quels que soient les problèmes. Il faut en profiter et faire partie de l’histoire” indique-t-elle.
De nombreux jeunes désintéressés de la monarchie, voire hostiles?
Mais tous les Britanniques sont-ils dans cet état d’esprit? Les plus âgés semblent être les plus convaincus par la monarchie. Si la Reine Elizabeth II est encore dans tous les esprits, et irremplaçable pour beaucoup de gens, les Britanniques ne se font que peu à peu à l’idée que celui qu’ils appellent par réflexe le "Prince de galles" est désormais leur Roi.
Charles ne rassemble pas autant que sa défunte mère, notamment les nouvelles générations. Elizabeth II les retenait à la monarchie, grâce à l’affection que même les jeunes lui portaient. Mais maintenant qu’elle n’est plus là, ils sont plus critiques envers la famille royale. Par exemple, le montant des dépenses pour la cérémonie et les festivités crispe une partie de la population en période de forte inflation ici.
L’adhésion des Britanniques envers la royauté s’érode et surtout chez les plus jeunes. Alicia et Greg par exemple ne célébreront pas le couronnement du Roi ce week-end.
“Je me fiche complètement de Charles. La famille royale aurait dû s'arrêter quand la Reine est morte”, tranche-t-elle. “Je ne crois pas qu’il soit à la hauteur pour reproduire ce que la reine a fait. Autant que je sache, elle est restée droite, on ne l’a jamais vu faire un pas de travers. Le roi Charles a un passé plus étonnant”, assure Greg.
Du côté des touristes, aussi, on peine à passer d'Elizabeth à Charles. Dans les boutiques de souvenirs, les ventes de tasses et de magnets à l'effigie du roi ne décollent que depuis quelques semaines.