Enquête RMC: au coeur du trafic de migrants au Niger
A quelques jours de la présentation de loi Asile et immigration qui est au coeur de la controverse, RMC s'est rendu à Agadez au Niger. C’est une ville-carrefour, où affluent des candidats à l’exil originaires d’Afrique de l’Ouest, avant d’embarquer à bord de 4x4 vers la Libye. La France s’est engagée à accueillir 10 000 réfugiés d’ici 2019, dont 3000 ayant transité par le Tchad et le Niger.
Logé dans un petit local exigu par des passeurs avec deux autres personnes, Koné, 37 ans originaire de Côte d'Ivoire et ancien chauffeur de taxis, tente de rejoindre la France pour y trouver un travail. "Ici, c'est la merde", lance-t-il. Ca nous arrange pas".
Cela fait six jours qu'il est enfermé dans ce ghetto dans des conditions précaires. "La porte est fermée, je ne peux pas sortir, on ne mange pas". Il n'a plus d'argent pour continuer sa route. Les trafiquants lui demandent l'équivalent de 1200 euros pour rejoindre les côtes italiennes.
Un passeur : "J'ai pu gagner 3 000 euros par mois"
Nous avons rencontré Ali, un de ces passeurs qui convoient des migrants à travers le désert. Il estime que ce qu'il fait est un "business", un trafic représentatif d'une mafia tentaculaire dont il n'est qu'un minuscule maillon.
"Tu n'as rien à faire et tu gagnes de l'argent, j'ai pu gagner l'équivalent de 3000 euros par mois. Avant, pour aller en Libye, on faisait payer les migrants 200/300 euros par personne. Mais avec le durcissement des contrôles on a été obligés d'augmenter les prix de la traversée du désert".

Il nous montre ainsi des images (ci-dessus) de son véhicule transportant jusqu'à 23 personnes à l'arrière en plein désert. "Il y a de l'eau, à manger, il y a tout avec eux à l'intérieur. On prend vraiment soin de nos passagers jusqu'à leur destination", promet-il.
Mais la traque aux passeurs est féroce et Ali affirme avoir dû interrompre son activité. Le Niger a durci sa loi pour lutter contre les trafics de migrants. Ali risque ainsi jusqu'à 10 ans de prison s'il est interpellé.