Frappes aériennes en Syrie: "il semblerait que Donald Trump soit prêt à prendre parti contre le dictateur syrien"

Donald Trump annonce des frappes américaines en Syrie, le 6 avril 2017. - JIM WATSON / AFP
Vers 03h40 locales vendredi, 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par deux navires américains en Méditerranée, vers la base aérienne d'al-Chaayrate, en Syrie. Dans une déclaration solennelle à la télévision, Donald Trump a expliqué que ces frappes étaient "directement liées" à l'attaque chimique présumée, imputée mardi à l'armée syrienne, contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun. Ce bombardement a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants.
"Donald Trump n'a pas de doctrine concernant les Etats-Unis et la Syrie"
La décision du président américain a été bien accueillie par les autres pays impliqués dans la crise syrienne, comme la Turquie et les Etats européens. En effet, à l'été 2013, Barack Obama avait déçu les pays arabes soutenant l'opposition syrienne en renonçant à frapper le régime après une attaque aux armes chimiques près de Damas, qui avait fait plus de 1.400 morts selon le renseignement américain. A l'époque, Donald Trump avait exhorté Barack Obama à ne pas intervenir. Désormais, sa position a changé:
"De toute évidence, il y a, au sein de l’entourage de Donald Trump, une sorte de bagarre, entre ceux qui sont favorables à l’intervention, ne fut-ce que l’intervention aérienne, et puis d’autre part, ceux qui pensent qu’au contraire, les Etats-Unis ne doivent pas s'en mêler. Pour l’instant, Donald Trump n’a pas de doctrine concernant les Etats-Unis et leurs relations avec la Syrie. Il semblerait qu’il soit prêt à prendre parti contre le dictateur syrien", explique à RMC André Kaspi, professeur spécialiste des Etats-Unis.
"Quand on frappe Bachar Al-Assad, c'est toujours dans l'intérêt des Syriens"
Le Pentagone soupçonne les Syriens d'avoir été aidés pour mener à bien cette opération, mais les militaires américains ne sont pas allés jusqu'à accuser la Russie. La salve de missiles de croisière américains a cependant provoqué la colère de cette dernière, alliée indéfectible de Bachar al-Assad, avec l'Iran. Ibrahim est Syrien. Installé en France depuis 2006, il témoigne, sur RMC:
"On souhaite que les Américains continuent ces frappes et ces interventions. C’est ma conviction: quand on frappe Bachar Al-Assad, quand on frappe ses forces, c’est toujours bienvenu, c’est toujours dans l’intérêt des Syriens. Cela signifie qu’il y a moins de balles, de barils d’explosifs, moins d’avions de chasse qui bombardent les villes. Est-ce que ça va continuer ou pas? Est-ce que ça va aboutir? C’est la question que tout le monde se pose".
Vendredi, les Etats-Unis ont averti qu'ils étaient prêts à lancer de nouvelles frappes contre le régime syrien et à mettre en place de nouvelles sanctions économiques. Selon une source militaire syrienne à l'AFP, l'armée de Bachar Al-Assad avait eu vent de l'action américaine et avait "pris des précautions". La Russie a aussi souligné que la frappe n'avait guère été efficace, moins de la moitié seulement des missiles ayant explosé sur la base visée, selon elle.