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Haut-Karabakh : "La communauté internationale aurait pu agir", estime Tigrane Yégavian

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La République séparatiste autoproclamée du Haut-Karabakh est presque entièrement désertée par ses habitants. Plus de 100.000 réfugiés sont arrivés en Arménie selon les autorités du pays.

Les dirigeants du Haut-Karabakh ont décrété ce jeudi la dissolution de "toutes les institutions gouvernementales (...) au 1er janvier 2024", signant la fin de l'existence de "la République du Haut-Karabakh" autoproclamée il y a plus de trois décennies. Tigrane Yégavian, auteur de l'ouvrage "Géopolitique de l'Arménie" est l'invité de la matinale Week-End RMC ce dimanche.

"C'est une région arrachée à l'Arménie en 1921, à l'époque de l'union soviétique (...) c'est la sécession remède, ils se sont autoproclamés indépendants afin d'éviter d'autres massacres de la part des Azéris"


En quelques jours, plus de 80% des 120.000 habitants officiels ont quitté leur foyer par peur de représailles. Cette région à majorité chrétienne, qui avait fait sécession de l'Azerbaïdjan à majorité musulmane à la désintégration de l'URSS, s'est opposée pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres entre 1988 et à l'automne 2020.

La question d'un nettoyage ethnique évoquée

"C'est un terme consensuel et les faits parlent d'eux-mêmes, nous avons assisté à l'anéantissement d'un pays autoproclamé extrêmement vulnérable, le rapport de forces était clairement en faveur des Turcs azéris"


Le Premier ministre arménien a appelé jeudi la communauté internationale à agir et à punir l'Azerbaïdjan pour le "nettoyage ethnique" en cours au Haut-Karabakh. De son côté, le Kremlin a dit ne pas voir de raison à l'exode en cours des Arméniens, rejetant de facto les accusations de nettoyage ethnique.

"On ne peut pas dire qui est coupable (de l'exode), parce qu'il n'y a pas de raisons directes pour de telles actions. Néanmoins, les habitants expriment le désir de partir du territoire du Karabakh", a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.


"La guerre de l'Ukraine rebat les cartes, une force russe qui était censée sécuriser la population locale et un corridor qui relie à l'Arménie, sauf que les Azéris ont tout fait pour mener une guerre hybride et étouffer la population avec un corridor "

L'appel à l'aide à la communauté internationale


"La communauté internationale aurait pu agir au nom du principe de la responsabilité, malheureusement pour les Arméniens ils n'ont pas la même valeur, c'est des dommages collatéraux (...) La communauté internationale n'a pas agi pendant 9 mois... rien n'a été entrepris, on a attendu la dernière minute pour intervenir et que les pays se vident des Arméniens pour pouvoir en parler"

Ce vendredi, l'ONU a annoncé l'envoi ce week-end d'une mission au Haut-Karabakh afin d'évaluer principalement les besoins humanitaires, alors que l'organisation n'avait pas eu accès à cette région depuis environ trente ans.

Cindy Nunes