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L’inquiétante escalade des violences entre Israéliens et Palestiniens

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Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré revient sur la hausse des tensions entre Israéliens et Palestiniens, après les attentats contre des juifs ce week-end qui ont fait sept morts et plusieurs blessés.

Après deux attentats contre des juifs vendredi et samedi, le gouvernement israélien envisage des mesures drastiques. Le cabinet de sécurité du Premier ministre Benyamin Netanyahou a annoncé une série de mesures contre les familles des terroristes. Et ces mesures ont commencé à être appliquées. Les maisons des auteurs des deux attentats du week-end ont déjà été confisquées. Jusqu'à présent, il arrivait que l’armée israélienne fasse exploser la maison des terroristes mais seulement à l’issue d’un processus judiciaire. Cette fois, cela s’est fait immédiatement. Les nouveaux textes envisagent aussi que toute la famille et les proches des terroristes puissent être expulsés du pays et envoyés à l’étranger. Parallèlement, le cabinet de sécurité voudrait faciliter la délivrance de permis de port d’armes pour que les Israéliens puissent se défendre. Et d’ores et déjà, le chef de la police a encouragé ceux qui possèdent un permis à ne sortir dans la rue qu’avec leur arme.

Vendredi dernier, un jeune homme de 21 ans a ouvert le feu sur une synagogue, tuant sept pratiquants qui sortaient de la prière du Shabbat. L’attentat le plus meurtrier en Israël depuis huit ans. Le lendemain, c’est un garçon d’à peine 13 ans qui a tiré et blessé deux passants israéliens. Ces deux attaques ont en commun d’avoir été perpétrées par de jeunes Palestiniens, habitants de Jérusalem Est, et d’avoir visé des quartiers de colonisation habités par des juifs orthodoxes au cœur de la partie arabe de la ville. Ces attentats ont été salués par des scènes de liesse à Gaza et en Cisjordanie.

Ces deux attentats faisaient suite à une opération militaire israélienne qui a fait neuf morts en Cisjordanie. Jeudi dernier, l'armée israélienne a mené une opération à Jénine, au nord de la Cisjordanie, présentée comme un raid contre des activistes de l’organisation du Jihad islamique. Ce raid a fait neuf morts palestiniens, c’est le plus meurtrier depuis 17 ans, dans les territoires contrôlés par l’autorité palestinienne, dont un des chefs à Jénine a aussitôt appelé les habitants à prendre les armes.

Le gouvernement le plus radical de l’histoire récente d'Israël

Tout cela intervient exactement un mois après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement. Et ce n’est pas un hasard. Benyamin Netanyahu est redevenu Premier ministre fin décembre, à la tête d’une coalition réunissant la droite, l'extrême droite et les mouvements religieux ultra-orthodoxes. C’est certainement le gouvernement le plus radical de l’histoire récente d'Israël. Avec comme symbole de cette orientation, la nomination d'Itamar Ben Gvir comme ministre de la Sécurité nationale. Cet homme de 46 ans est le leader de l'extrême droite. Il a été condamné à de nombreuses reprises pour des appels à l'émeutes, des propos racistes, ou pour avoir fait partie d’organisations qui étaient classées comme terroristes par les autorités israéliennes elles-mêmes. L’actuel président israélien, Isaac Herzog, le considère comme l’homme politique le plus dangereux du pays.

Cela ne l’a donc pas empêché d'être nommé ministre de la Sécurité, et moins d’une semaine après, il a décidé de se rendre sur l’Esplanade des mosquées. Cette esplanade, qui se trouve juste au-dessus du Mur des lamentations, est un des lieux saints de l’Islam. Elle abrite la mosquée al-Aqsa. Et le tout nouveau ministre a souhaité que les juifs puissent se rendre sur cette esplanade pour prier, au coeur de ce lieu musulman. Cette visite et cette demande du ministre de la Sécurité ont été considérées comme une provocation.

En 2000, c'était une visite au même endroit d’Ariel Sharon, à l'époque chef de l’opposition, qui avait déclenché la deuxième intifada. C'est-à-dire cinq ans de violence ininterrompue. Le pire n’est jamais sûr mais tous les éléments sont aujourd’hui réunis pour un nouvel embrasement. Le pape François parle d’une spirale de la mort…

Nicolas Poincaré