Mort d'Alexeï Navalny: Marine Le Pen déplore "une perte importante pour la démocratie russe"

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 30 janvier 2024 - EMMANUEL DUNAND / AFP
"C'est à tout le moins une perte importante pour la démocratie russe", a estimé Marine Le Pen sur LCI, au surlendemain de la mort dans une prison de l'Arctique russe de ce célèbre détracteur du Kremlin.
"Les conditions de détention qui ont été imposées à M. Navalny sont très certainement une des raisons de son décès", a fait valoir la triple candidate à l'élection présidentielle.
"Le choix d'un emprisonnement dans une des prisons les plus dures de Russie démontre très clairement un durcissement du régime de Vladimir Poutine et on ne peut évidemment que déplorer et condamner la manière dont les droits de la défense, quel que soit le pays d'ailleurs, ne sont pas respectés, notamment lorsqu'il s'agit d'opposants politiques", a encore déclaré Mme Le Pen, qui voit "une forme de faiblesse que d'emprisonner ses opposants".
Le Rassemblement national, qui par la voix de son président Jordan Bardella avait évoqué vendredi "une nouvelle tragique", a été accusé de duplicité par une partie de la classe politique, y compris au sein du gouvernement.
"Navalny est mort pour s’être opposé à votre ami Poutine. Gardez vos larmes de crocodiles. Vous êtes né avant la honte", avait ainsi tempêté sur X le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.
"Ni vous ni votre parti n’avez voté les résolutions (au Parlement européen, NDLR) condamnant les persécutions dont Alexeï Navalny était l’objet en Russie. Le RN et Jordan Bardella sont les alliés objectifs d’un régime qui bafoue les droits de l’Homme chaque jour", avait également écrit le ministre délégué à l'Europe Jean-Noël Barrot.
Sur ce point, Marine Le Pen a répondu que "le problème de ces résolutions" est qu'elles "n'ont aucun effet". Elle a également pointé la "responsabilité" de "ceux qui se servent du cas Navalny pour (...) faire avancer leurs positions" en élargissant leur champ: "Il aurait fallu peut-être que cette résolution, effectivement, se consacre exclusivement" à Alexei Navalny.
Interrogée sur la poursuite du soutien à l'Ukraine, Marine Le Pen a assuré qu'"il ne faut pas laisser tomber" le pays. "Mais il faut savoir pour quel but on se bat. Encore une fois, si l'on livre les armes à l'Ukraine, alors il faut se dire que c'est dans le but de lui permettre d'arriver en position de force" pour "négocier" la paix, a-t-elle développé, défendant "une approche pragmatique".
Le RN, un "parti de la Russie"?
"Je ne souhaite pas que l'on maintienne en quelque sorte l'Ukraine dans une situation de guerre permanente qui pourrait durer cinq ans, dix ans, quinze ans pour finir par faire de l'Ukraine ce que les Russes souhaitaient faire et qu'ils ont échoué à faire lors de leur première offensive, c'est à dire effondrer ce pays", a insisté l'élue du Pas-de-Calais.
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, invité dans le même temps de Questions politiques (France Inter/Le Monde/ France Télévisions), a pour sa part qualifié le RN de "parti de la Russie", enjoignant le parti d'extrême droite de "dénoncer les agressions russes et dire à monsieur Poutine 'Rentrez chez vous'".
Le RN est régulièrement accusé de servir la propagande du régime russe et même, selon les termes d'un rapport parlementaire, de servir de "courroie de transmission" avec le Kremlin, ce que le parti de Marine Le Pen conteste formellement.