Qui sont les "incels", ces "célibataires involontaires" qui ont une haine des femmes?
Misogynie froide ou frustration rageuse? Le mouvement "incel", dans le collimateur des enquêteurs après l'attaque au véhicule-bélier de Toronto, renvoie à des personnes animées d'un mépris des femmes, voire d'une haine, accusées d'être responsables de leur insatisfaction sexuelle. Cette piste est explorée par la police canadienne qui a reconnu que les 10 morts et les 14 blessés de l'attaque lundi sont "majoritairement des femmes".
Mais qui sont les membres de ce "mouvement" Incels - pour "involuntary celibates" - et qui se présentent comme des "célibataires involontaires"? C’est ce qu’on appelle en réalité "une sous-culture Internet". Des groupuscules qui échangent sur des sites confidentiels. Une sorte de club fermé, un entre-soi avec ses règles et ses caractéristiques communes.
"Renverser tous les Chads et les Stacys"
Les Incels se définissent comme des hommes d’au moins 21 ans, souvent vierges ou qui ont vécu au moins 6 mois sans aucune relation sexuelle hormis avec des prostituées - car elle ne "comptent pas" dans leur esprit. Des masculinistes qui tiennent les femmes pour responsables de tous leurs problèmes de sexualité ou d’affection. Ils les appellent les roastie, les rosbeef ou les femmes humanoïdes. Ou bien encore les Stacy qui ne veulent avoir de relation qu’avec les Chads, ces beaux mecs bodybuildés.
Des noms qu’on retrouve d’ailleurs dans le message posté par Alek Minassian, le conducteur de la voiture-bélier de Toronto, juste avant de passer à l’acte à Toronto : "La rébellion des Incels a déjà commencé. On va renverser tous les Chads et les Stacys".
Mais d’où leur vient cette haine des femmes ?
Ils sont persuadés qu’ils sont victimes de la révolution sexuelle. Révolution due en grande partie aux réseaux sociaux et les sites de rencontres sur Internet. Auparavant, selon les Incels, chaque homme pouvait avoir une relation avec une femme. Mais depuis la révolution sexuelle, elles ne seraient attirées que par les beaux, les musclés. Et les femmes refuseraient de sortir avec les Incels à cause de leur physique désavantageux.
Voilà pourquoi ils expliquent que "le viol n’existe pas". En clair: les femmes qui en sont victimes "l’auront bien cherché" parce qu’elles s’habillent de manière aguicheuse pour plaire aux beaux garçons. Voilà aussi pourquoi ils considèrent que c’est à l’Etat de régler le problème, de leur fournir des copines et d’interdire aux "Chads" d’avoir plusieurs partenaires.
Une philosophie restée plutôt confidentielle jusqu’ici, mais qui avait eu le temps d’infuser chez certains jeunes adultes frustrés, y compris en France ou aux Etats-Unis. D’ailleurs, en 2014, un Incel était déjà passé à l’acte en Californie près de Santa Barbara. Il avait fait 6 morts et 14 blessés.