Rébellion de Wagner en Russie: Une "lutte intestine" qui laissera des traces

Les tensions se sont intensifiées en Russie, ce samedi. Alors que le groupe paramilitaire Wagner a déclaré contrôler le quartier général de l'armée russe à Rostov, le président Vladimir Poutine s'est exprimé devant la nation, dénonçant une "menace mortelle" pour le pays.
À l'origine de ses tensions, une "lutte intestine", juge Ulrich Bouna, expert géopolitique en Europe centrale, entre Evguéni Prigojine, le chef du groupe Wagner, et SergueI Choïgou, le ministre russe de la Défense. "Prigojine veut mettre une pression très forte vis-à-vis du Kremlin pour virer Sergueï Choïgou", explique le Général Jérôme Pellistrandi.
"Les deux hommes se détestent, Prigojine considérant que Choïgou ne lui a pas donné assez de moyens militaires", ajoute-il.
Le chef du groupe Wagner se trouve dans une position de force. "Même si la contre-offensive ukrainienne est laborieuse, rien ne se passe comme prévu pour la Russie. Le seul qui peut se targuer d'un succès militaire, c'est Prigojine", analyse le Général Jérôme Pellistrandi. Son groupe paramilitaire lui permet également d'être considéré: "La milice Wagner est le bras armé le plus efficace de Moscou".
Quel impact sur la guerre en Ukraine?
Les suites de cette opération sont incertaines. "À long terme, elle affaiblit l'armée russe, mais il ne faut pas en conclure que l'armée russe va s'effondrer", tempère Ulrich Bouna.
"C'est un tournant dans la façon dont le Kremlin mène la guerre mais il ne faut pas en conclure que le front ne va pas bouger dans les prochaines heures", enchérit-il.
À court terme, ce coup de force de Prigojine ne devrait pas avoir de conséquences sur le conflit en Ukraine. Mais la situation pourrait encore empirer. "Ça peut aller plus loin, si les forces de sécurité russes, le FSB, veulent neutraliser Prigojine. Dans ce cas-là, ça risque d'être violent car ce dernier a 25 000 mercenaires pour le défendre", résume le Général Pellistrandi.
Pour l'heure, Vladimir Poutine a apporté une réponse ferme à cette opération dans un discours à la nation diffusé samedi matin. Le président russe a accusé Prigojine de "trahison" et dénoncé un "coup de poignard dans le dos" de la part de celui qui a longtemps été son protégé. Il a enfin promis une réponse "implacable" contre les auteurs de la mutinerie.