Tunisie: les femmes bientôt égales des hommes en matière d'héritage?
C’est un pas de plus pour les droits des Tunisiennes. A l’occasion de la Journée de la femme lundi en Tunisie, le président Béji Caïd Essebsi a annoncé son soutien à un projet de loi qui rend hommes et femmes égaux en matière d’héritage.
Selon le droit de succession actuel, inspiré des préceptes coraniques, dans une famille la part de l’héritage de la fille est deux fois moins importante que celle du fils.
Béji Caïd Essebsi a donc souhaité que l’Assemblée des représentants du peuple, le Parlement tunisien, se saisisse sans tarder d’un projet de loi instituant une réforme pour l’égalité.
Des dérogations possibles
Le texte propose que l’égalité entre les femmes et les hommes devienne la règle. Au moment de l’héritage, frères et sœurs toucheraient la même part à condition que le père n’ait pas fait de dérogation.
C’est le point noir, pour les associations féministes. Une dérogation est possible pour ceux qui souhaiteraient maintenir le régime actuel d’héritage inégalitaire. Si la Tunisie est un pays à part dans le monde arabe, les femmes ont le droit divorcer et d’avorter, la pilule est en vente libre, la polygamie est interdite, le sujet de l’héritage est une étape très symbolique. Inscrite dans le Coran, c’est le verrou le plus important dans une société musulmane.
Ennahdha, le parti conservateur, majoritaire au parlement a déjà exprimé des réserves. La Commission pour les libertés individuelles et l'égalité, à l’origine du texte a également proposé de dépénaliser l'homosexualité, et d’abolir la peine de mort. Samedi dernier une manifestation contre ces différentes réformes a rassemblé des milliers de personnes devant le Parlement tunisien.