Ukraine-Russie, Angleterre-Ecosse... l'Euro 2020 sera aussi marqué par des duels politiques

EXPLIQUEZ-NOUS - L’Euro de foot commence ce vendredi soir avec le match Turquie-Italie… Mais la géopolitique est venue se mêler à l’affaire. Un bras de fer de dernière minute oppose la Russie et l’Ukraine.

C’est une histoire de maillot. L’Ukraine a fait valider un maillot avec un certain nombre de symboles politique. D’abord une grande carte du pays sur le devant, carte avec la Crimée, cette grande presqu'île officiellement ukrainienne mais en réalité annexée par la Russie depuis 2014. Et puis on pouvait lire deux phrases.

"Gloire à l’Ukraine", bien visible. Et plus discrètement, à l'intérieur du col, "Gloire à nos héros". La Russie a donc protesté. Elle conteste la carte mais aussi ces deux slogans. Parce que mis ensemble, “gloire à l'Ukraine, gloire à nos héros” c’est le refrain d’un chant nationaliste. Chanté par les Ukrainiens anti-soviétiques pendant la deuxième guerre mondiale. Et repris par les manifestants anti-russes lors de la révolution de 2014.

Pour Moscou, tout cela faisait du maillot Ukrainien un emblème politique, nationaliste et militariste incompatible avec les valeurs du foot.

L’UEFA a finalement tranché

Les autorités n’ont donné que très partiellement raison aux russes. La carte du pays a été validée, avec la Crimée. Autrement dit, l'Ukraine a le droit de dessiner les frontières qui sont internationalement reconnues, même si elles ne correspondent plus à la réalité.

L’UEFA valide aussi le slogan: "Gloire à l’Ukraine". C’est générique et apolitique. En revanche l'instance européenne demande le retrait du discret slogan “Gloire à nos héros”, qui lui est jugé politique.

L'Ukraine ne veut pas effectuer cette modification. L'affaire n’est donc pas réglée. Il va falloir trouver une solution avant dimanche et le match Ukraine-Pays-Bas. Quant à un éventuel match entre la Russie et l’Ukraine, cela pourrait arriver en quarts de finale et ce serait extrêmement tendu.

On va aussi surveiller de près un match Ecosse-Angleterre

Les antagonismes sont moins forts mais tout de même. Il y aura beaucoup de passion autour de ce match. L'Ecosse vient de voter pour les indépendantistes aux législatives et la Première ministre écossaise réclame un nouveau référendum, ce que refuse Boris Johnson. Les Écossais souhaitent l'indépendance ET le maintien dans l’Union européenne, et donc un vrai divorce avec Londres.

Dans ce contexte, le match qui aura lieu à Wembley vendredi prochain sera très suivi. Le Parisien rappelle d’ailleurs que cette affiche Angleterre-Ecosse a été celle du premier match international de l’histoire. C'était en 1872 à Glasgow et ça s'était terminé par un match nul.

D’autres matchs de cet euro auront une connotation politique

Les matchs de la Turquie, pays où le président Erdogan instrumentalise le football. Presque tous les joueurs ont eu l’occasion de faire allégeance à ce président autoritaire. Et on surveillera si leur geste pendant l’hymne turque. Ces derniers temps, les joueurs avaient pris l’habitude de faire un salut militaire, ce qui n’est pas dans l’esprit de l’Euro.

La Macédoine du nord joue un Euro pour la première fois de son histoire. Ancienne petite république Yougoslave, le pays s’est longtemps heurté à l’hostilité de la Grèce qui lui a contesté le droit de porter le nom de Macédoine. Le pays a l’impression de rejoindre un peu l'Europe en jouant cet euro, en espérant un jour rejoindre effectivement l’Union européenne.

La Hongrie va aussi faire passer un message politique à travers le foot

La Hongrie du nationaliste Victor Orban a décidé que les matchs se joueront dans des stades pleins. Façon de montrer que le pays maîtrise l'épidémie. Alors qu’en réalité, la Hongrie est en avance sur le vaccin mais à des résultats actuellement très mauvais.

Samedi prochain, à 15 heures, l'équipe de France jouera donc à Budapest dans un stade archi plein et devant des supporters survoltés. Ce sera aussi un match politique.

Nicolas Poincaré (avec J.A.)