Visite de Laurent Fabius en Iran: "C'est une bonne chose pour l'avenir de notre pays"

Laurent Fabius - JOE KLAMAR / AFP
Pour la première fois depuis 12 ans, un chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a rendez-vous ce mercredi à Téhéran, à la suite de l'accord historique sur le nucléaire iranien, conclu à la mi-juillet. Mais cette visite est vivement critiquée dans les milieux conservateurs locaux. Et ce pour deux raisons: tout d'abord car la position de la France lors des négociations nucléaires a été jugée "dure" par certains commentateurs iraniens. Mais aussi parce que Paris avait affiché son soutien à Bagdad pendant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988.
"Bien sûr qu'on a besoin de vous !"
Si les plus conservateurs ne voient pas l'arrivée du ministre des Affaires étrangères français d'un très bon œil, cette visite est pourtant très attendue par les Iraniens que RMC a rencontré à Téhéran. Et dans la capitale iranienne, lorsque cette visite est évoquée, la première chose qui vient à l'esprit des habitants c'est de parler de voiture. "Bien sûr qu'on a besoin de vous ! De vos voitures de qualité ! De vos Peugeot !", se réjouit Massoud, vendeur des téléphones dans un centre commercial.
Il faut savoir qu’avant 2006, 40% des voitures iraniennes étaient de fabrication française, de vieilles Peugeot 405 par exemple qui roulent encore aujourd’hui. Plus concrètement, Nasser, 28 ans, informaticien, analyse la venue de Laurent Fabius dans son pays. "Certains Iraniens, les plus conservateurs, sont remontés contre la France et son gouvernement parce qu’ils n’ont pas apprécié l’attitude ferme de Laurent Fabius vis-à-vis de l’Iran durant les négociations sur le nucléaire. Donc ils ne l’aiment pas", confie-t-il.
"Les Occidentaux doivent aussi nous respecter"
Et de poursuivre: "Mais l’économie du pays est au plus bas alors beaucoup de gens comme moi pensent que sa venue et celles, prochainement, d’autres représentants étrangers est bonne une chose pour l’avenir de notre pays". S'il y a un enthousiasme certain autour de la visite de Laurent Fabius, il y a aussi de la méfiance. Surtout chez les plus jeunes comme Mariam, âgée de 24 ans: "Le changement c'est bien mais les Occidentaux doivent aussi nous respecter. Les autorités iraniennes doivent donc rester vigilantes".
Toutefois, cette méfiance est bien plus importante vis-à-vis des Etats-Unis. "On ne fait pas confiance aux Américains. Ils vont donc devoir nous prouver qu’ils tiennent leurs engagements", explique Ahmed, étudiant. Les Iraniens partagent en tout cas tous un même sentiment: il est temps que leur pays sorte de l’isolement.