"Faux livres, vraie arnaque": sur Amazon, l'intelligence artificielle coûte cher aux vrais auteurs

Méfiez-vous: les ouvrages que vous achetez sont peut-être écrits par… personne! Enfin, plutôt par l’intelligence artificielle. Allan Trevor, par exemple, a publié 1.200 livres à lui tout seul. Mais Allan Trevor n’existe pas, c’est ChatGPT qui est derrière tout ça.
Ulrich Génisson, un véritable écrivain, a lancé l’alerte. “Typiquement, notre livre est numéro 1 et 2, en France, dans notre domaine. Mais en dessous de notre livre, les six bouquins qui sont présentés par Amazon sont justement des livres qui n’ont été écrits par personne. Faux livres, faux auteurs, vraie arnaque. Quand vous avez des jeunes qui cherchent une biographie sur un auteur et qu’ils tombent sur un texte qui a été généré par l’IA, et qui donne que des conneries, c’est dangereux”.
Dans le business des faux livres, on trouve de tout. Des mauvaises copies de réels ouvrages, des traductions illégales et approximatives ou pire donc, des livres entièrement écrits par ordinateur.
Quand ChatGPT écrit un livre sur RMC
Ce qui parait totalement délirant est pourtant très facile à réaliser. "RMC s'engage avec vous" a fait le test en demandant à ChatGPT d'écrire un livre sur Charles Magnien, Apolline de Malherbe et Estelle Denis. Et moins d’une minute plus tard, naissait “Ondes complices”. Un roman en sept chapitres, dont voici un extrait: “Les lumières s’allumaient doucement dans le studio de RMC, révélant les trois visages aux expressions curieuses”.
Un récit sur un trio de journalistes qui montent ensemble une émission à trois voix. On y parle de l’humour incisif de Charles, du regard analytique et percutant d’Apolline et de la conteuse de terrain à la voix chaude Estelle. Si la qualité n’est pas garantie, le livre existe. Et surtout, en quelques clics, il est presque publié.
Comment réagit Amazon?
Pour les livres contrefaits ou mal traduits, la plateforme rembourse l’acheteur et retire l’ouvrage de la vente. Mais pour les faux livres, c’est plus compliqué.
Depuis septembre dernier, Amazon a limité le nombre de livres qu’un utilisateur peut publier à... trois par jour! Amazon explique que les contenus créés avec l’intelligence artificielle ne sont pas interdits, sauf s’ils créent une “expérience client décevante”.
Si la plateforme semble un peu frileuse à aller plus loin, c’est peut-être parce qu’elle gagne de l’argent avec ce business, beaucoup d’argent. Elle prélève 15% sur chaque vente de livre, qu’il soit vrai ou faux.
RMC a contacté le syndicat national de l’édition, qui a déjà reçu des signalements d’écrivains. “Nous discutons avec les pouvoirs publics sur cette question” nous dit-on, pour protéger les droits d’auteurs.