Avant son suicide, Evaëlle, 11 ans, a été "moquée, traitée de menteuse": sa professeure mise en examen
Parce qu'elle ne supportait plus le harcèlement scolaire de certains camarades et de sa professeure de français, Evaëlle, 11 ans, s'était suicidée dans le Val-d'Oise, en 2019.
Les parents de la collégienne avaient déposé une plainte contre cette enseignante de français, responsable selon eux de n'avoir rien fait contre le harcèlement dont leur fille était victime au collège, voire de l'avoir encouragé, ce qui l'avait conduite à mettre fin à ses jours le 25 juin 2019 à Herblay, en grande banlieue parisienne.
Cinq mois après le drame, le parquet de Pontoise avait alors ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire et contre l'enseignante et plusieurs élèves pour "harcèlement moral sur mineur de 15 ans".
Les faits avaient démarré à la rentrée 2018 avec un conflit autour d'une histoire de cartable trop lourd, puis s'étaient poursuivis hors du collège et dans la classe de cette enseignante, dont les parents jugeaient qu'elle avait fait de leur fille sa "tête de Turc".
Sur RMC, son père Sébastien revient sur un épisode marquant:
"Elle a mis notre fille devant la classe en disant: 'Evaëlle ne se sent pas bien dans la classe, elle se sent exclue et harcelée. Posez-lui toutes les questions que vous voulez, elle va vous répondre'. Elle a été alors moquée, traitée de menteuse, quand elle pleurait, la prof lui disait d'arrêter et de répondre aux questions..."
Le jour même, la jeune fille subit de nouvelle violences de la part d'autres élèves. Aujourd'hui son père est soulagée de l'avancée judiciaire: "Ca montre qu'elle nous a dit les choses et qu'elle n'a pas raconté d'histoires..."
L'enseignante, placée sous contrôle judiciaire et avec une obligation de soins psychologiques, est aussi soupçonnée de harcèlement envers trois autres élèves. Jusqu'à récemment, elle avait continué à enseigner et avait obtenu, à sa demande, une mutation en Bretagne, alors même que d'autres faits de harcèlement avaient été signalés après le décès d'Evaëlle.
Alors que Jean-Michel Blanquer a assuré être "aux côtés de la famille" et prendre le sujet "très au sérieux", la famille d'Evaëlle espère maintenant que l'Education nationale tirera les leçons de ce drame: chaque année, 700.000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire.