"C'est sa tribune, son show. C'est terrible": des rescapés du Bataclan outrés par l'attitude de Salah Abdeslam
Sixième jour d'audience au procès des attentats de 13 novembre et les accusés ont eu la parole pour la première fois. Initialement cette intervention n’était pas prévue mais le président a revu ses plans à la demande notamment de certains avocats qui sentaient que certains accusés avaient le besoin de se positionner dans ce procès.
Parmi les 14 accusés présents sur les 20, certains n’ont rien voulu ajouter, la plupart ont assuré ne pas être des terroristes, se sont désolidarisé des attentats et se sont excusés auprès des victimes.
"On a visé la population, les civils, mais on a rien de personnel contre eux en réalité on visait la France"
Mais Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos terroristes, est passé en dernier, il a fait la plus longue intervention de tous. Il assumé son rôle et sa participation, a défendu l'idéologie de l'Etat islamique et a justifié les attentats par les bombardements français en Syrie.
“Je vais être un peu long”, commence Salah Abdeslam, il s’exprime bien d’une voix calme. Il explique pourquoi lui et le commando ont attaqué la France. “La France qui bombarde l’état islamique ne fait pas de distinction entre homme et femme (...). On a voulu que la France subisse la même douleur que nous subissons”.
Ce "nous", c’est cet Etat islamique en Syrie, où Salah Abdeslam ne s’est jamais rendu. Il continue: "On a visé la population, les civils, mais on a rien de personnel contre eux en réalité on visait la France".
"D'un coup, on nous dit, ouvertement que: 'C'est pas de votre faute, mais vous étiez là, donc, pas de chance quoi'"
Un frisson parcourt la salle. Certaines victimes pleurent, s’enlacent mais d’autres se lèvent furieuses et sortent. Ils échangent alors le cordon rouge qu’ils ont autour du cou qui interdit aux médias de leur parler par un cordon vert qui l’autorise.
Des propos insoutenables pour David rescapés du Bataclan.
"On a vécu ça, on a été visés, on a été personnellement touchés. Et là d'un coup, on nous dit, ouvertement que: 'C'est pas de votre faute, mais vous étiez là, donc, pas de chance quoi'. C'est d'une indignité absolue.
J'ai l'impression qu'il a utilisé ces six dernières années comme une grande prise de respiration et que d'un coup il se lance et se dit que c'est sa tribune, c'est son show. C'est terrible"
"J'attends de lui raconter ce qu'a été mon 13-Novembre"
Horrifiée par les propos du terroriste, Sophie, blessée lors des attentats n'a qu'un hâte : témoigner à la barre pour répondre à Salah Abbdeslam.
"J'attends de lui raconter ce qu'a été mon 13-Novembre, ce que ça a été de voir des gens mourir sur moi, d'avoir 80 cm de cicatrices sur la jambe. Lui raconter ce qu'il m'a fait et me fait encore aujourd'hui. Peut-être que ça va percuter dans son cerveau et qu'il va se rendre compte de ce qu'on vit."
Certains des 1.800 parties civiles répondront à Salah Abdeslam à partir du 28 septembre.
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