RMC
Faits divers

Elias, 14 ans, mort poignardé pour son téléphone à Paris: ce que l'on sait des 2 mineurs gardés à vue

placeholder video
Elias a été mortellement poignardé vendredi 24 janvier à Paris. L'adolescent avait refusé de remettre son téléphone portable à deux mineurs de 16 et 17 ans, qui ont été placés en garde à vue dimanche. Ils sont présentés à la justice ce lundi en de leur possible mise en examen.

Un adolescent de 14 ans a été mortellement poignardé vendredi soir à Paris après avoir refusé de remettre son portable à deux mineurs de 16 et 17 ans qui ont été placés en garde à vue samedi. Une garde à vue qui s'est terminée dimanche. Les deux adolescents doivent être présentés à la justice ce lundi 27 janvier, en vue de leur probable mise en examen. Ils risquent d’être également placés en détention provisoire.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau s'est dit "horrifié par cette violence gratuite, résultat d'une perte de repères et de l'effondrement de l'autorité", dénonçant sur X un acte "de barbares".

Deux mineurs nés en mai 2007 et août 2008

Alors que l'adolescent de 14 ans sortait de son entraînement de football peu avant 20h au stade Jules Noël, situé dans le sud du XIVe arrondissement de Paris, à proximité du périphérique, "deux personnes ont réclamé son téléphone", a relaté le parquet.

En réponse à son refus, un violent coup de couteau lui a été porté à l'épaule, ont précisé une source policière et le parquet. Un ami "a effectué les gestes de premiers secours et permis d'identifier les agresseurs", a ajouté le ministère public.

Deux mineurs, nés en mai 2007 et août 2008, demeurant dans le 14e arrondissement, ont été interpellés et placés en garde à vue. Prise en charge sur les lieux de l'agression, la victime a perdu connaissance et dû être réanimée à deux reprises avant d'être transportée par le Samu à l'hôpital Necker avec un pronostic vital engagé, selon la source policière.

"Malgré la prise en charge médicale, le décès de la victime a été constaté vers midi" samedi, a annoncé le parquet.

L'enquête, ouverte initialement pour "tentative d'homicide sur mineur de moins de 15 ans et extorsion avec arme", porte désormais sur "l'infraction d'extorsion suivie de mort, crime faisant encourir la perpétuité", a-t-on précisé.

Maître Babacar Niang représente l'un des agresseurs d'Elias et assure que son client de 16 ans est très impacté par le décès du jeune adolescent. "Il est profondément choqué par ce qui s'est passé. Le décès de la victime l'a beaucoup affecté. Il ne s'attendait vraiment pas à ce que ça se passe ainsi. Il est très triste. Triste pour la famille de la victime, triste également parce qu'il sait que c'est plusieurs familles qui vont être affectées par ce qu'il s'est passé"

Déjà connus de la justice

Selon le parquet, "les deux mineurs interpellés étaient déjà connus de la justice". L'un avait fait l'objet d'une mesure éducative judiciaire en décembre 2023 pour des faits de vols et extorsion. Ils avaient tous les deux été présentés à la justice le 30 octobre 2024 pour des faits de vol commis avec violence, et ils avaient interdiction de contact entre eux. Le 3e district de la police judiciaire parisienne est chargé de l'enquête.

Ce n'est pas la première fois que ces deux suspects vont se retrouver face à des magistrats car ils sont déjà connus de la police et de la justice. C’est d’ailleurs ce qui a permis aux forces de l'ordre de les retrouver très rapidement après les faits vendredi soir, à partir des descriptions fournies par les témoins.

Les policiers les ont arrêtés chez eux, tout près de la scène de crime. Ils habitent dans la même résidence mais chacun dans un immeuble différent. Depuis trois mois, ils avaient théoriquement interdiction de se voir, une mesure imposée par la justice mais qui n'a pas été respectée.

Un jugement est prévu en juin prochain pour une affaire de vol avec violence qui n’est pas la première, puisqu’ils avaient déjà été arrêtés et impliqués dans d’autres faits, notamment de vol et d’extorsion pour l’un d’eux. Cette fois, ils risquent bien d’être placés en détention provisoire après leur probable mise en examen dans cette affaire criminelle.

La maire écologiste du 14e arrondissement Carine Petit a dit sur BFMTV avoir reçu "des signaux d'alerte, il y a un peu plus d'un an (...), qu'un petit groupe de jeunes rentrait dans le centre sportif, agressait, violentait ou menaçait de manière plus ou moins grave (...) ceux qui venaient au stade pour de bonnes raisons".

L'élue a ajouté y avoir "apporté des réponses", en précisant que les deux interpellés "font déjà l'objet de mesures de la justice pour mineurs", tout en relevant que ces mesures "n'ont pas suffi".

Dans un communiqué, la sénatrice LR et ancienne ministre Marie-Claire Carrère-Gée, élue de l'arrondissement, a dénoncé "la ghettoïsation de tant de quartiers du 14e", et accusé Carine Petit et la maire PS de Paris Anne Hidalgo de se voiler "la face sur la grave insécurité qui y règne".

C.A et Guillaume Biet avec AFP