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Faits divers

Rabbin agressé à Orléans: plus d'un millier de personnes se rassemblent contre l'antisémitisme

Un manifestant brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Nous ne nous cacherons pas ! » participe à une marche silencieuse en soutien au rabbin d'Orléans, à Orléans, dans le centre de la France, le 25 mars 2025.

Un manifestant brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Nous ne nous cacherons pas ! » participe à une marche silencieuse en soutien au rabbin d'Orléans, à Orléans, dans le centre de la France, le 25 mars 2025. - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Quelque 1.350 personnes se sont rassemblées mardi à Orléans, selon des chiffres de la police, "contre l'antisémitisme" et "en soutien" au rabbin de la ville, agressé samedi en pleine rue devant son fils de neuf ans.

"Jusqu'à quand allons nous tolérer ça?": plus d'un millier de personnes ont défilé en silence mardi à Orléans en soutien au rabbin de la ville violemment agressé en pleine rue devant son fils samedi par un adolescent qui sera jugé fin avril.

Dans la foule de 1.300 personnes selon la police, des responsables religieux, des élus locaux, mais aussi beaucoup d'anonymes, qui s'étaient rassemblés devant la synagogue, située en plein coeur de la ville et derrière la cathédrale, avant de marcher dans le silence jusqu'à la place de la République.

Parmi eux, des associations juives locales, l'évêque d'Orléans Mgr Blaquart et le président du conseil départemental du culte musulman Mustapha Ettaouzani, dans une ville jusque-là plutôt épargnée par les actes antisémites.

"Ça rappelle de très mauvais souvenirs"

Le président de la communauté israélite de la ville, André Druon, a remercié la foule, au nom du rabbin Arié Engelberg et de sa famille. Pour André Druon, la question n'était pas de savoir si un acte antisémite allait se produire mais "quand cela allait arriver", en dépit d'une "bonne entente" entre communautés à Orléans, pointant la responsabilité de "certains médias et de certains politiques", sans citer de noms.

Il faut "que les gens prennent conscience qu'après vous, ça sera nous. Donc méfiez-vous", a-t-il averti. "Jusqu'à quand nous allons tolérer ce genre de choses?". Pour la présidente de la Licra dans le Loiret Joëlle Gellert, ce soutien "extrêmement important réjouit", face à un "acte horrible en présence d'un enfant" qui met "en difficulté les piliers de la République".

"Je suis très attristée", a aussi déclaré Mélanie, 44 ans, qui a décidé de se rendre à la marche "pour que tout le monde sache qu'il ne faut pas laisser passer des choses comme ça. Ça rappelle de très mauvais souvenirs", a-t-elle ajouté.

Lors de l'agression, survenue "aux environs de 13h40" samedi, le rabbin Arié Engelberg, qui était accompagné de son fils, a été abordé par un mineur "en se filmant, le questionnant sur sa religion (...) tout en proférant des injures à caractère antisémite et en crachant en leur direction", avait rappelé le parquet dans un communiqué.

Le suspect jugé le 23 avril devant un tribunal pour enfants

Le mineur interpellé samedi après l'agression sera jugé le 23 avril devant le tribunal pour enfants de cette ville, a appris mardi auprès de son avocat et du parquet général. Il sera jugé des chefs de violences volontaires "commises en raison de l'appartenance ou de la non appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une religion", a précisé la procureure.

C'est "un mineur isolé, arrivé en France depuis moins d'un an" sans avoir une formation particulière, a aussi dit Me Bouteillan, confirmant une information de BFMTV. Son client a déclaré lors de sa garde à vue "être âgé de 16 ans et être de nationalité palestinienne", sans qu'"aucun élément ne permette de remettre en cause l'état de minorité qu'il déclare", selon un communiqué de la procureure de la République Emmanuelle Bochenek-Puren. Il a été placé en détention provisoire.

Confronté aux termes de la plainte déposée et aux témoignages recueillis, "il nie être à l'origine de l'altercation et soutient s'être défendu". Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau va par ailleurs demander aux préfets de sécuriser les lieux de culte juifs, a-t-il annoncé mardi, lors des questions au gouvernement à l'Assemblé nationale.

Bruno Retailleau a indiqué avoir appelé le rabbin d'Orléans, tout comme le Premier ministre François Bayrou, "pour lui dire notre soutien" et "la solidarité de toute la nation française".

En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l'Intérieur. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait déploré en janvier un niveau "historique" de ces attaques, avec une "explosion" après le 7 octobre 2023, date de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël. En représailles, Israël a déclaré une guerre pour " anéantir " le Hamas, pilonnant sans relâche la bande de Gaza.

C.A avec AFP