Ils laissent leur collègue prendre la route ivre: trois gendarmes renvoyés au tribunal

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Trois gendarmes de l'Isère ont été renvoyés devant un tribunal pour avoir laissé un de leurs collègues, hors service et ivre, prendre la route avant d'être impliqué dans un carambolage mortel, a annoncé jeudi l'avocat des parties civiles.
Un quatrième gendarme, également mis en examen pour "abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit" au printemps, a bénéficié d'un non-lieu, a indiqué dans un communiqué Me Hervé Gerbi, confirmant une information de RTL et du Parisien.
Le parquet de Grenoble a confirmé l'information et souligne que l'ordonnance du juge d'instruction "est en tout point conforme aux réquisitions" de ses services.
Un couple de septuagénaires tué
Le 26 février 2019 près de Bourgoin-Jallieu, dans le nord de l'Isère, un gendarme très fortement alcoolisé - 2,54 g d'alcool par litre de sang - avait causé un accident de la route, tuant un couple de septuagénaires.
Le militaire au volant, en poste dans une brigade locale et qui n'était pas en service au moment de l'accident, avait été condamné à trois ans de prison - dont la moitié ferme - et écroué, moins de 48 heures après les faits.
Mais la famille des victimes avait déposé une plainte pour "homicide involontaire" et "non-empêchement d'un délit" contre quatre gendarmes présents ce jour-là aux côtés de l'auteur de l'accident, avec qui ils avaient bu au restaurant. Elle estime qu'ils auraient dû l'empêcher de prendre le volant dans cet état.
Une jurisprudence qui élargirait la responsabilité pénale collective des participants à une manifestation ou réunion festive?
Comme nous vous l'expliquions en février, les quatre gendarmes avaient été mis en examen cet hiver par le juge d'instruction.
Pour Hervé Gerbi, qui défend les enfants du couple tué, ce renvoi décidé le 13 août dernier "ouvre la porte, dans certaines conditions, à une jurisprudence élargissant la responsabilité pénale collective des participants à une manifestation ou réunion festive."
"J'ai l'impression que le juge d'instruction subit l'opinion publique", a réagi de son côté auprès de l'AFP Ronald Gallo, avocat de l'un des gendarmes renvoyés devant le tribunal mais qui, ajoute-t-il, n'a pas été poursuivi en discipline au sein de la gendarmerie.
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