"Kohlantess" à la prison de Fresnes: la polémique enfle
Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative ce week-end après l'organisation à la prison de Fresnes, en région parisienne, d'une série d'épreuves sportives inspirées du jeu télé "Koh Lanta", renommées "Kohlantess". Cet événement a eu lieu le 27 juillet, mais la polémique n'a été déclenchée que vendredi dernier.
Karting, piscine, tir à la corde… Des activités peu ordinaires en prison. Mohamed Nasri a participé à l'organisation des épreuves de "Kohlantess". Pour lui, rien de négatif dans cet événement.
“Les gens étaient à fond dedans. On n’a vu que des sourires sur le visage de tout le monde. L’idée, c’était aussi de rassembler. L’idée, c’est de faire de la prévention, pas de la provocation. On le voit même à travers les messages qu’on a véhiculés à la fin qui sont des messages de prévention, où on dit qu’il ne faut pas aller en prison”, explique-t-il.
Jean-Christophe Petit, représentant du syndicat UFAP UNSA de cette prison, défend même le projet. Il explique notamment que cette vidéo était l'occasion de montrer une autre image des surveillants de prison.
“Les agents qui ont pu participer à cette action, pour eux, c’était l’occasion de montrer une autre facette des surveillants parce que la plupart du temps, on est tellement décrié qu’on a voulu montrer le côté humain. Ils ont contribué d’une certaine manière à une des missions sur lesquelles nous devons travailler le plus, c’est la réinsertion”, appuie-t-il.
"Ce n'est pas un lieu d'amusement"
Pourtant, depuis deux jours, la classe politique monte au créneau. Les surveillants pénitentiaires également. Cette vidéo ne renvoie pas l'image de ce que doit être une prison selon William Vaumoron, surveillant à la prison de Fresnes.
“Tout le monde s’indigne, c’est tout simplement scandaleux. Ça n'a rien à faire en prison. Les activités comme le karting n’apportent rien, n’ont aucune utilité si ce n’est amuser les détenus. Ce sont des activités qui ne participent pas à la réinsertion et je ne cautionne pas. Je pense que ce devrait être interdit en prison parce que ce n’est pas un lieu d’amusement ou de loisirs. Je ne comprends ni l’intérêt, ni l’objectif. C’est tout sauf une bonne chose”, assure-t-il.
Un surveillant qui s'inquiète aussi du message que peut renvoyer ce genre d'événement. “Les images ont un poids. Les gens peuvent s'interroger sur la manière dont on traite les gens qui leur ont causé du tort”, ajoute-t-il.
L'administration pénitentiaire avait connaissance de cet événement. La vidéo a été visionnée plusieurs fois par la direction de la communication du ministère de la Justice.