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Police-Justice

La campagne de culpabilisation contre la drogue convainc-t-elle? "On arrête pour d'autres raisons"

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Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a présenté jeudi une nouvelle campagne anti drogue visant non pas à sensibiliser mais culpabiliser et pointer du doigt les consommateurs, premiers responsables selon lui du narcotrafic et de ses conséquences.

Contre la consommation de drogue, le ministère de l'Intérieur lance une campagne de "culpabilisation" pour créer un "électrochoc". Ce sont les mots employés par Bruno Retailleau, jeudi lors de la présentation de cette nouvelle campagne. Il y a présenté un clip vidéo qui sera diffusé à partir de dimanche et jusqu'au 2 mars dans les transports, sur les réseaux sociaux, plateformes de streaming et chaînes de télévision.

Le ministre assume que ce clip n'a pas pour objectif de sensibiliser les consommateurs de stupéfiants, mais bien de les pointer comme les premiers responsables des impacts du trafic.

Une ligne de cocaïne qui prend feu comme de la poudre à canon pour venir brûler une peluche, une voiture, et enfin enflammer les traces d'un corps dessiné sur une scène de crime.

Des images chocs qui peinent à convaincre Clara, consommatrice occasionnelle.

“C’est hyper culpabilisant, mais ça ne me donne pas forcément envie d’arrêter. Moi, je n’ai pas eu cette image-là. J’ai l’impression que c’est dissocié de ma consommation”, confie-t-elle.

Une stigmatisation des consommateurs

Emma, elle, a entamé des démarches personnelles pour arrêter de consommer il y a quelques mois. Et ce n'est pas ce clip qui aurait pu la motiver. “Avoir à se dire, je suis un criminel ça n’aide pas. Déjà que tu n'es pas hyper content en général de prendre de la drogue. Moi, j’ai arrêté par souci de sociabilité et de santé, mais pas parce que je considérais que je participais activement comme narcotrafiquant”, appuie-t-elle.

Stigmatiser les consommateurs ne serait pas efficace selon Christophe Cutarella, psychiatre addictologue.

“Ce sont des personnes qui sont atteintes d’une addiction, d’une maladie chronique. Il ne faut pas axer sur la culpabilisation, en disant, il y a des gens qui meurent, etc. Oui, c’est vrai, mais ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver”, juge-t-il.

Pour l'addictologue, il faut plutôt aller dans tous les milieux pour faire de la prévention concrète sur tous les risques liés à la consommation de drogue.

Anna Jaujard avec Guillaume Descours