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Le plan de construction de 15.000 nouvelles places de prison est irresponsable

"Une journée de prison coûte 100 euros à l'Etat, quand une journée en bracelet électronique coûte 10 euros", explique ce jeudi dans Bureau de vote sur RMC la contrôleure des prisons, Adeline Hazan. Qui regrette le "manque de courage des responsables publics" en la matière.

La Contrôleure des prisons, Adeline Hazan, dénonce dans un rapport les conséquences néfastes de la surpopulation carcérale et suggère des pistes pour en sortir. Elle regrette des conditions de détention indignes alimentant l'insécurité et faisant obstacle à la réinsertion des détenus. Pour en sortir, elle présente dix recommandations considérant que "la privation de liberté" doit redevenir une "mesure de dernier recours" et les peines alternatives être développées avec des moyens supplémentaires. Autant dire qu'elle ne voit pas d'un bon œil le plan de construction de 15.000 nouvelles places de prison promises par Emmanuel Macron. "Une fuite en avant", selon elle.

"Que les choses soient claires. Je ne dis pas qu'il ne faut pas construire de places de prison – elles sont d'ailleurs dans un tel état que ce serait irresponsables de dire ça. Je dis qu'avoir cela comme priorité et lancer un plan de construction de 15.000 places est irresponsable, parce que cela veut dire qu'on va mettre tous les crédits (alloués à la justice) là", déclare-t-elle ce jeudi dans Bureau de vote sur RMC.

"Pas le courage d'aller à l'encontre de l'opinion publique"

Adeline Hazan vante les mérites du bracelet électronique, source importante d'économies d'une part, et plus efficace en terme de réinsertion d'autre part. "Une journée en prison ça coûte 100 euros (à l'Etat), alors qu'une journée en bracelet électronique coûte 10 euros. Pourquoi on ne développe pas plus les bracelets électroniques?". La Contrôleure des prisons a la réponse: "Les responsables publics n'ont pas le courage d'aller à l'encontre d'une certaine partie de l'opinion publique".

"Il faut faire de la pédagogie, il faut expliquer que quelqu'un qui va faire 3 ou 4 mois de prison va perdre son travail, son logement, on ne va pas pouvoir préparer sa sortie… donc on va en faire un délinquant encore plus important à sa sortie. Lui mettre une peine alternative avec des éducateurs, un bracelet électronique, un sursis mise à l'épreuve – avec éventuellement la menace de la prison s'il ne respecte pas ses obligations -, c'est beaucoup plus porteur".

P. G. avec J-J. Bourdin