Pédocriminalité dans l'Eglise: un fonds d'indemnisation des victimes financé par la vente de "biens" ou un "emprunt"
C'est une attente forte des victimes: un mois après la publication du rapport choc de la commission Sauvé, les évêques catholiques réunis à Lourdes annoncent lundi après-midi "des gestes" et un "échéancier" de mesures pour lutter contre la pédocriminalité dans l'Eglise.
Les évêques se sont ainsi engagés à "abonder" le fonds d'indemnisation des victimes de pédocriminalité dans l'Eglise "en se dessaisissant de biens immobiliers de la Conférence des évêques de France et des diocèses". En outre, s'il le faut, "un emprunt pourra être souscrit pour anticiper les besoins", a ajouté Eric de Moulins-Beaufort devant la presse à l'issue de l'assemblée plénière de la CEF.
Les évêques réunis à Lourdes ont également décidé lundi la constitution d'une instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation, qui instruira les demandes des victimes de violences sexuelles et sera dirigée par la juriste Marie Derain de Vaucresson, a annoncé Mgr de Moulins-Beaufort.
Il s'agit d'une des résolutions adoptées par l'épiscopat, dévoilées par Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), lors d'une conférence de presse à Lourdes. Mme Derain de Vaucresson, ancienne défenseure des enfants, constituera "son équipe à sa guise sur le modèle de la commission Sauvé", a-t-il précisé.
Cette réponse se veut "la traduction concrète" des 45 recommandations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase). Son rapport, publié il y a un mois, a secoué toute l'institution en estimant à 330.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l'objet de violences sexuelles depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, de religieux ou de personnes en lien avec l'Eglise.
Les 120 évêques ont adopté des décisions lundi matin lors d'un vote à huis clos, en conclusion de plusieurs jours de travail.