Signaler les cas de maltraitance, "ce n’est pas de la délation, c’est sauver un enfant qui risque de mourir"

- - AFP²
Marie-Pierre Colombel, présidente d’Enfance et Partage:
"Cela peut être difficile pour des personnes qui entendent un enfant crier, mais qui ne savent pas trop de quoi il peut s’agir. Pour ça, il y a des associations comme la nôtre, avec un numéro vert, mais il y a aussi le 119, qui est un numéro gouvernemental. Eux, nous, on pourra donner le protocole qu’on peut mettre en place. Si on a entendu quelque chose de réellement important, nous on peut faire un signalement. On peut aussi appeler directement la police, après ils sont déjà débordés, et en fonction de ce que les gens pourront dire de la situation, la police se dérangera, ou pas.
"Les gens sont démunis et ne savent pas vers qui se tourner"
Des gens qui ne parlent pas, ça arrive. Je ne dirai pas souvent, mais ça arrive assez régulièrement. Les gens sont démunis et ne savent pas vers qui se tourner. Parfois, ils arrivent dans nos comités à travers toute la France et nous expliquent la situation. A ce moment-là, on peut les aider. En fait, on entend souvent le mot délation. Mais ce n’est pas de la délation, c’est sauver un enfant qui risque de mourir! Un enfant qui aurait juste besoin d’être pris en charge, ou avec des parents qui sont dépassés par les événements.
Il n’y a pas à hésiter une seconde, il faut nous appeler, ou le 119. La non-dénonciation, ça existe. Je ne sais pas ce qu’il en est dans la situation du petit Tony. Mais pour non-dénonciation, on peut être puni d’emprisonnement. Nul n’est censé ignorer la loi, mais je ne suis pas certaine que tout le monde la connaisse. Ce que je voudrais surtout, c’est que les gens prennent conscience de ce fléau qui est en train d’envahir la France. Ça fait un certain nombre d’années qu’on crie haut et fort que la maltraitance existe en France: il y a deux enfants qui meurent par jour. Et que le citoyen pourrait se rendre compte que ça existe, que ce n’est pas ailleurs, que c’est à côté de chez nous, dans nos familles, malheureusement.
Ne pas dénoncer, je ne crois pas que ce soit de la lâcheté. C’est la peur de se tromper, d’entraîner des conséquences pour une famille qui semblent graves. Les mots 'services sociaux' ça fait peur. Du coup, les gens hésitent. Et puis ils ont peur de se tromper. On vient à peine de finir un procès à Riom (pour la mort de Fiona, ndlr) qu’on retombe exactement dans le même genre de situation. Les associations sont en colère. Il faudrait peut-être que les pouvoirs publics, mais aussi les citoyens lambda prennent conscience de ces horreurs qui se passent chez nous. On s’est trouvé dans des situations où des personnes nous ont rapporté des faits, elles n’ont pas voulu dénoncer, mais on a pris le relais, la dénonciation se fait quand même, malgré tout".