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"Un trouble à l'ordre social": la cagnotte pour des policiers mis en examen à Marseille fait polémique

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Quatre policiers sont soupçonnés d'avoir roué de coups un jeune homme à Marseille en marge des émeutes ayant embrasé la France début juillet. L'un d'eux placé en détention provisoire, suscitant la colère des syndicats. Une cagnotte a été lancée et fait polémique. L'avocat de la victime dénonce, ce samedi sur RMC, "un trouble à l'ordre social".

Une nouvelle cagnotte polémique après des violences de la police. Dans la nuit du 1er au 2 juillet, à Marseille, quatre policiers sont soupçonnés d'avoir passé à tabac Hédi, un jeune homme âgé de 21 ans. Quatre fonctionnaires, deux membres de la Bac Sud et deux de la Bac centre, mis en examen, dans la nuit de jeudi à vendredi pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours. Un de ces policiers a été mis en détention provisoire.

Cette annonce a provoqué la colère des syndicats de policiers. Unité SGP Police a ainis appelé les policiers à n'assurer plus que les missions essentielles, quand Alliance parle de "goutte d'eau qui fait déborder le vase". A la sortie du palais de justice, jeudi, 250 collègues du policier placé en détention l'ont applaudi. Selon Rudy Manna, d'Alliance Police, il s'agissait "d'une haie de soutien moral, pas une haie d'honneur".

"Un second traumatisme"

L'avocat de la victime, Maître Jacques-Antoine Preziosi, invité de la Matinale Week-End de RMC raconte que son client a été blessé par ces applaudissements et se dit "absolument consterné": "le second traumatisme qui était inattendu, ce sont les les applaudissements des policiers. Il est absolument consterné par le comportement des policiers qui applaudissent les gens qui entrent en prison."

"Voir des policiers applaudir les gens qui se sont livrés à des actes aussi lamentables, il y a une perte de confiance dans l'organisation sociale qui est très compréhensible et je pense que c'est le cas pour eux. Ce sont des comportements irresponsables."

"Un effet délétère sur l'ordre social"

Une cagnotte en ligne a été ouverte par les collègues du policier en détention provisoire, afin d'aider la famille selon les initiateurs de ce mouvement. Une initative, qui a déjà réuni plus de 30.000 euros samedi matin, que dénonce Me Preziosi : "L'ère des cagnottes, c'est un comble. Que les cagnottes soient constituées pour les victimes, je veux bien: c'est de la solidarité, c'est du soutien. Que les cagnottes soient constituées pour les coquins, j'avoue que ça interpelle."

"Je me demande si ces gens sont conscients de l'effet délétère que leur comportement assure sur l'ordre social. Leur simple comportement est un trouble à l'ordre social", dénonce l'avocat.

L'avocat dénonce aussi les arrêts maladies abusifs posés par les policiers, en protestation a la détention provisoire: "J'espère que le directeur de la police nationale qui vient aujourd'hui à Marseille va, entre autres choses, leur rappeler qu'ils sont fonctionnaires de la République française et que, à ce titre, ils ont un devoir de réserve et des obligations professionnelles."

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L'incompréhension de la victime

Hédi, le client de Me Preziosi, est gravement blessé, "a reçu une balle en caoutchouc dans la tête à bout portant, roué de coups de poings, de coups de matraque et laissé dans une mare de sang inconscient":

"Ils ont été victimes d'une violence injustifiée, d'une violence inutile, parce qu'ils ne sont pas manifestants. Ils ne sont pas délinquants. Ce sont des gens qui ont un casier judiciaire vierge. Ce sont des gens qui travaillent, qui viennent boire un pot à Marseille après une grosse journée de travail et qui se retrouvent dans une rue face à six ou sept policiers qui leur tombent dessus, qui leur tirent dessus et qui les rouent de coups et qui, après avoir fait ça, s'en vont en laissant un pauvre jeune homme allongé par terre dans une mare de sang sans soins."

La victime "a vraisemblablement perdu un œil", été opéré en neurochirurgie puis pour une fracture grave de la mâchoire. L'avocat précise que personne, parmi les forces de l'ordre, n'a prévenu les pompiers ou appellé une ambulance. Aujourd'hui, la victime reste dans l'incompréhension: "Ils ne comprennent pas pourquoi ils ont été agressés. Ils ne comprennent pas le fait que les policiers puissent avoir un comportement aussi sauvage et aussi indifférent parce qu'après l'avoir roué de coups et l'abandonnent."

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC