Bataille médiatique Macron-Le Pen: "ça devient presque ridicule mais les candidats n'ont pas le choix"

- - AFP
Patricia Chapelotte est présidente de l'agence de communication Albera Conseil:
"Cette année, la bataille de l'image est plus forte. On ne sait plus qui donne le la de la communication. La séquence Whirlpool était incroyable: Marine Le Pen qui prend des selfies, Macron qui est dans une salle vide à trois mètres des syndicats.
Dans les campagnes précédentes, c'était moins important. Aujourd'hui, la communication et l'image prennent même le pas sur la stratégie politique. Tous les jours, un des deux décide d'aller faire de l'image, il y a au moins un déplacement par jour.
On a vu Marine Le Pen avec les pêcheurs, Emmanuel Macron dans les banlieues, là on s'intéresse au monde rural… A Oradour-sur-Glane, Emmanuel Macron va se rattacher aux symboles historiques, car Marine Le Pen a nommé un président du FN qui a tenu des propos négationnistes.
Ces séquences sont artificielles, et c'est vrai qu'il faut éviter qu'ils tombent dans la caricature parce que sinon les gens ne vont plus entendre le message. En même temps, les chaînes d'info ont besoin d'images. Il faut savoir alimenter le système médiatique de manière intelligente et intelligible. Marine Le Pen a fait beaucoup d'images, Emmanuel Macron a tardé un peu à suivre. C'est une espèce de lessiveuse infernale qui fait que si on n'est pas dedans, les gens se demandent où sont les candidats.
Quand un des candidats n'est pas sur le terrain, on se demande ce qu'il fait, alors qu'il est peut-être en train de réfléchir à des choses intelligentes. Les équipes de com' des candidats ont un boulot qui est assez compliqué. Il y a une espèce d'emballement dans cet entre-deux-tours. On a mis la lessiveuse à fond et on a l'impression que les candidats doivent faire 4 déplacements par jours pour rester dans la course.
"On a l'impression que Macron court un peu derrière"
On a le sentiment que l'image l'a un peu emporté sur le discours. Les Français ne sont pas dupes mais Marine Le Pen a réussi à enfermer Emmanuel Macron dans son image de banquier, d'homme politique appartenant à un système même si on ne sait pas bien ce que ça signifie. C'est vrai qu'elle est un peu plus experte que lui en communication politique. C'est un animal politique. On a l'impression que Macron court un peu derrière.
Ça devient presque ridicule mais les candidats n'ont pas le choix. C'est toute l'ambiguïté de savoir où on met le curseur, entre avoir des images symboliques pour essayer de marquer les gens et avoir un discours de fond.
Il va y avoir un moment important lors du premier mai. Le risque pour Marine Le Pen c'est le dérapage de son père. Il a déjà trouvé quelque chose à dire sur l'hommage au policier. Que va-t-il faire? Et que va faire Emmanuel Macron ce jour-là? Il y a des risques pour elle".