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Blocage à Sciences Po: la direction annonce un accord avec les manifestants

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La direction de Sciences Po Paris a annoncé vendredi soir un accord avec ses étudiants mobilisés pour la cause palestinienne, par lequel elle s'engage à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants. 

En réponse à une mobilisation d'étudiants propalestiniens faisant écho aux contestations agitant de prestigieux campus américains, la direction de Sciences Po Paris s'est engagée vendredi soir à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants. 

"Compte tenu de ces décisions, les étudiants se sont engagés à ne plus perturber les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l'institution", a écrit Jean Bassères, administrateur provisoire.

"L'occupation a cessé mais continue de se mobiliser, à massifier et élargir le mouvement à d'autres facs pour dénoncer les violations du droit international commises par Israël", a réagi Hubert Launois, étudiant à Sciences Po et membre du comité Palestine au sein de l'établissement. "Ensuite, on attend de voir ce que va donner la réunion demandée par la direction. On espère que ressortira de cette réunion l'arrêt des partenariats avec les entrerprises et les universités complices de violation au droit international."

Un blocage "symbolique" pour Manno

Devant les locaux de Sciences Po, dans le VIIe arrondissement de Paris, de jeunes manifestants brandissent pancartes et drapeaux palestiniens. Au milieu de la foule, Manno, étudiant à Sciences po St Germain en Laye.

"Je pense qu'ici, c'est particulièrement symbolique. Les universités, c'est vraiment là où il y a le débat étudiant, les réflexions. C'est très important d'être devant une université plutôt qu'un autre lieu à Paris", explique Manno, étudiant à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.

Accès de l'école bloqué, sit-in dans la rue, occupation des locaux et face à face tendu avec des manifestants pro-Israël: la journée a été émaillée de tensions, après que des manifestants avaient déjà passé la nuit dans le bâtiment historique de l'école et que d'autres avaient installé mercredi soir une dizaine de tentes dans la cour d'un autre bâtiment avant que la police n'intervienne, rappelle l'AFP.

Tensions avec des manifestants pro-israliens

De l'autre coté de la rue, des manifestants pro-isréaliens s'opposent aux manifetants pro-palestiniens : "Je suis en colère. Ils ont enlevé le drapeau de la France sur la devanture de Sciences Po", fustige l'un d'eux.

Maxime aussi étudie ici et dénonce un climat délétère dans les salles de classes. Pour lui, le conflit israélien palestinien n'a rien a faire ici ne doit pas s'inviter à la fac: "Le discours qu'on porte c'est, "apaisement de la situation". On arrête d'importer un conflit dans les universités et on débat, sereinement, dans le cadre démocratique."

"Droit à l'éducation"

Victor, lui, est ici car il devait participer à une conférence finalement annulée. Et même s'il comprend les revendications des manifestants, pour lui bloquer l'établissement n'est pas la solution. "Le droit à manifester, c'est fondamental mais il y a aussi le droit à l'éducation. Je vois mal en quoi bloquer une école va forcément aider à la prise de conscience ou à quoi que ce soit d'autre.

"Honneur de la France", estime Rima Hassan

Les étudiants ont reçu vendredi le soutien de plusieurs figures de LFI, dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

Ils portent "l'honneur de la France", a déclaré à la presse Rima Hassan, reprenant les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio aux manifestants.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré sur BFMTV la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui a tiré à boulets rouges sur le "jeu dangereux" attribué à LFI dans la mobilisation à des "fins électorales".

LM avec Ameline Lavechin et Nicolas Traino