La droite se déchire sur le cas Aurélien Pradié, viré de sa place de n°2 des Républicains

La droite retombe dans ses vieux démons, et se déchire sur le cas Aurélien Pradié, viré de la direction des Républicains ce week-end par le patron du parti: Eric Ciotti.
Un communiqué laconique est tombé samedi matin: "Ses prises de position répétées n’étaient plus conformes avec les valeurs de cohérence et d’unité". Aurélien Pradié n’est plus vice-président exécutif. Ce poste de numéro 2 qu’il s’était battu pour avoir, après ses 22% au dernier Congrès LR.
En coulisses, on comprend que la décision couvait depuis plusieurs jours. Pradié était accusé de la jouer perso, contre la direction du parti. Avec Ciotti, la tension était telle que "ça devenait évident qu’il allait sortir tôt ou tard" nous a raconté un cadre.
"A trop tirer sur l'élastique, il casse"
Le député du Lot agaçait, clairement, à courir les médias pour demander des avancées sur les carrières longues. "Il en voulait toujours plus”, disent certains, pendant qu’Eric Ciotti négociait avec le gouvernement et avec les sénateurs. Et vendredi c’est la goutte d’eau, Ciotti estime avoir obtenu des garanties suffisantes. Mais Pradié redemande des comptes dans l’Hémicycle, et se fait même applaudir par les insoumis. C’en est trop: la confiance est rompue.
"A trop tirer sur l'élastique, il casse": c’est la métaphore d’un député très agacé, qui explique qu’on ne peut pas avoir un numéro 2 dit qui dit l’inverse du numéro 1. "A droite il faut un chef. Et comme disait Chirac… un chef c’est fait pour cheffer !” C’est ce qu’a fait Eric Ciotti.
Que répond le camp Pradié?
Le camp Pradié répond que c’est une guerre d’égo: “Une mini crise d’autorité d'Eric Ciotti”, dénonce un proche. Ambiance. Son entourage voit surtout cette décision comme un cadeau fait aux sénateurs, et donc à Bruno Retailleau, l’ennemi juré, on sait combien les deux hommes se détestent. On sait aussi que les sénateurs tiennent à la réforme, et étaient passablement agacés par les positions d’Aurélien Pradié.
"Je préfère la liberté de conviction à un poste quelconque", a écrit Pradié dans un communiqué dimanche soir. "Je refuserai toujours que la droite devienne peu à peu la béquille conciliante de la macronie". Ciotti appréciera.
On comprend qu’Aurélien Pradié ne veut pas en rester là, et ne va pas quitter le parti. Il compte bien faire exister sa ligne, celle d’une droite dite “sociale”. "Ça fait 15 ans qu’on perd les élections", nous disait l’un de ses proches dimanche soir, "il faut qu’on secoue le parti".
Ils sont plusieurs élus à graviter autour de lui: une dizaine de députés. Pradié n’est pas seul, c’est le message qu’ils veulent porter. Comment? En quittant eux aussi les instances dirigeantes du parti? La décision n’est pas prise. “Mais pas question de rester sans réponse”. Un député nous disait très clairement que désormais, il est prêt à voter contre la réforme, lorsque le texte reviendra à l’Assemblée, qu’il ne se sent plus lié à la position officielle de LR.
En face, côté Ciotti, on estime avoir clarifié la ligne. Et on mise sur le fait qu’une fois privé de son poste de numéro 2, “le soufflé” Pradié retombera.