"Le NFP écarté de Matignon, le pari réussi de Jean-Luc Mélenchon": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

Emmanuel Macron écarte l’hypothèse NFP à Matignon, tend la main aux socialistes, aux écologistes et aux communistes, en écartant donc La France insoumise. Et pourtant, Jean-Luc Mélenchon sort tout de même vainqueur de cette situation… C’est le paradoxe de la décision du président. Elle élimine Jean-Luc Mélenchon qui, en réalité, s’était déjà éliminé lui-même quelques jours auparavant, en annonçant soutenir un gouvernement de gauche, mais sans y participer. Le leader de La France insoumise savait depuis le début que cette alliance chaotique n’avait pas la moindre chance de gouverner: à supposer qu’un Premier ministre issu de ses rangs soit nommé, son pronostic vital était immédiatement engagé puisque de toute façon ni le centre, ni la droite, ni l’extrême droite n’en voulaient. On assistait en fait à une mauvaise comédie dont tout le monde connaissait la fin, et clairement, elle s’écrivait sans le Nouveau Front populaire.
Jean-Luc Mélenchon avait-il tout prévu en annonçant sa mise en retrait samedi dernier? Disons qu’il a préféré se retirer d’une campagne vouée à l’échec tout en se payant le luxe d’apparaître comme le grand seigneur du petit royaume de la gauche. Quand Mélenchon vous dit "je me retire", il faut en fait entendre: "vous me regretterez". L’éternel départ se traduit toujours par un éternel retour. Et cette annonce du président confirme cette stratégie qui consiste, depuis bientôt dix ans, à s’imposer tout en se retirant…
Jean-Luc Mélenchon, un stratège de génie
Jean-Luc Mélenchon a-t-il finalement agi dans son propre intérêt, et non dans celui de la gauche? Ses choix, depuis la dissolution, ont été guidés par le cynisme et le pragmatisme. Jean-Luc Mélenchon n’est pas un homme politique, c’est bien plus que ça, c’est un homme de pouvoir. Son but n’était pas de satisfaire un camp plutôt qu’un autre, ni de placer deux ou trois ministres dans un gouvernement. Non, son objectif, c’est diriger la France, en personne et pour de vrai. Et pour ça, tous les coups sont permis, y compris contre son propre camp. Souvenez-vous par exemple de cette purge, réalisée en pleine nuit, où il s’était débarrassé de tous ses dissidents, à commencer par le plus populaire, François Ruffin.
Jean-Luc Mélenchon n’est pas un idéaliste, c’est un stratège de génie qui n’a rien oublié de ses années trotskystes. Il sait faire preuve de sang-froid, de patience et surtout faire le contraire de ce qu’il dit avec une décontraction hallucinante. Un tempérament qui n’est pas sans rappeler un autre homme de pouvoir d’envergure supérieure, Emmanuel Macron. S’ils ne portent pas le même maillot, ces deux-là ont la même passion: la gagne à n’importe quel prix. Peu importe la manière, seul compte le résultat. Et d’ailleurs, est-ce que les faits n’ont pas donné raison à Jean-Luc Mélenchon? Le NFP est écarté, sauf bien sûr à renier un programme sur lequel il s’était engagé, ou à rallier le bloc central. Ce qui, politiquement, paraît difficilement tenable. Il devra attendre 2027 pour tenter à nouveau sa chance. Les aventuriers du Nouveau front populaire, épuisés et décrédibilisés, n’auront alors plus qu’à s’en remettre au seul rescapé, Jean-Luc Mélenchon.