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Marine Le Pen peut rater son examen

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Marine Le Pen est l’invitée ce soir, jeudi, de la nouvelle émission politique de France 2 « Des paroles et des actes ». Une sorte d’examen de passage pour elle. Pas certain qu'elle soit au niveau.

Ce n’est pas son 1er grand rendez-vous médiatique, mais au moment où les lycéens sont en plein bac, Marine Le Pen est elle aussi confrontée à un vrai test qui peut décider (en partie) de son avenir. On a dit mille fois qu’elle avait réussi une vraie percée – que les résultats des cantonales ont confirmée – et il y a même eu une vague de sondages qui ont fait d’elle une postulante sérieuse à une qualification au second tour de la présidentielle. Il n’empêche que maintenant, elle plafonne dans les intentions de vote, en 3è position mais loin des favoris (16% dans le baromètre CSA pour BFMTV, RMC et 20 Minutes). Ça veut dire qu’elle capte avec succès les protestations mais qu’elle n’apparaît pas porteuse de solutions. Donc pour la présidentielle, mention : « peut mieux faire ».

Sur quoi va-t-on la juger dans l’émission de ce soir ?

Sur le fond plus que sur le style. Pas besoin de fuites pour savoir sur quoi l’examen va porter. On va lui demander de préciser son programme économique – et ce n’est pas sa meilleure matière ! C’est normal que les partis qui n’ont jamais gouverné soient questionnés avec beaucoup d’insistance pour mesurer la crédibilité de ce qu’ils proposent – les journalistes sont souvent moins exigeants avec les représentants du PS ou de l’UMP. On va lui (re)demander comment elle peut prétendre sortir de l’euro sans isoler durablement la France et quelles solutions elle avance pour faire reculer le chômage. Il sera intéressant d’observer si elle a préparé autre chose que son discours stéréotypé sur l’immigration et ses appels au protectionnisme. Elle devra dire aussi comment elle finance le rétablissement du service militaire et les 40 000 places de prison supplémentaires qu’elle promet.

A propos du protectionnisme, elle va certainement souligner que c’est un thème qui n’est plus seulement défendu au FN, mais aussi à l’UMP et même au PS…

C’est vrai. Mais pour elle, c’est moins un motif de satisfaction narcissique qu’une difficulté politique. Jean-Marie Le Pen jouait à fond sur la provocation, sur l’aspect repoussoir de son discours. Il était censé dire ce qu’on n’osait pas dire. Aujourd’hui, la désinhibition du débat politique est telle qu’on entend des horreurs tous les jours et que Marine Le Pen est loin d’avoir le monopole de la xénophobie – elle n’aime pas qu’on dise ça d’elle, d’ailleurs ; elle a déposé une vingtaine de plaintes cette année contre des médias ou des politiques qui l’ont critiquée sur ce terrain. Au total, la limite de la « dédiabolisation » du FN, c’est la banalisation. C’est d’ailleurs le pari de Nicolas Sarkozy : plus on approchera de l’élection, moins elle sera crédible pour gouverner. Pour l’instant, ça se vérifie.

Nous sommes à un an de la présidentielle. Qu’est-ce qui peut changer pour elle d’ici là ?

Elle est déjà forte sur la forme, elle a du bagout, c’est une excellente dialecticienne. Son handicap, c’est que la crise ne va pas disparaître du jour au lendemain, et que pour l’instant, elle est la candidate des peurs. Il faut qu’elle puisse apparaître capable de rassurer. Elle en est loin. Et puis si elle veut vraiment le pouvoir, contrairement à son père, elle a besoin d’un ou deux thèmes porteurs pour construire sa campagne. Il ne lui faut plus seulement dénoncer mais annoncer. Réponse ce soir.

Ecoutez «le parti pris» de ce Jeudi 23 juin 2011 avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC :

Hervé Gattegno