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Pourquoi Elisabeth Borne attaque en justice l'éditeur d'une biographie

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Elisabeth Borne a attaqué en justice les éditions L'Archipel, qui ont publié une biographie de la Première ministre ("La Secrète", de Bérangère Bonte). La locataire de Matignon demande le retrait de certains passages sur sa santé, son orientation sexuelle ou sa vie familaile. L'audience a lieu ce mercredi au tribunal judiciaire de Nanterre.

Drôle d’audience ce mercredi, au tribunal judiciaire de Nanterre. La Première ministre Elisabeth Borne a assigné en justice l’éditeur d’une biographie qui la concerne: "La Secrète" de la journaliste Bérangère Bonte (Édition l'Archipel). La locataire de Matignon réclame le retrait des passages qui concernent sa vie privée et familiale, sa santé ou son orientation sexuelle dans toute nouvelle édition et réimpression du livre.

L'autrice du livre revient sur le suicide du père de la Première ministre, rescapé d’Auschwitz, lorsqu’elle n’a que 11 ans, ou sur la crise d’épilepsie dont il souffre le jour de la naissance de celle qui deviendra Première ministre. Mais le livre évoque aussi la vie sentimentale d’Elisabeth Borne ainsi que les rumeurs d’homosexualité qui ressurgissent dès son entrée à Matignon et surtout ce fameux "compagnon", dont elle parle elle-même: catholique, de gauche, anti-mariage pour tous et qui dit être pacsé à une autre femme.

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Atteintes à la vie privée?

Pour la cheffe du gouvernement, ce sont des atteintes à la vie privée qu’elle veut voir retirées dans les prochains tirages. Bérangère Bonte, qui a enquêté pendant un an et qui s’est entretenu deux fois avec Elisabeth Borne, s’en défend.

"Ces sujets, je les explore parce que c’est elle qui les met sur la table, c’est elle qui révèle l’existence de son compagnon. Je le fais pour éclairer, parce que ça a un sens politique", explique la journaliste.

Dans la classe politique justement, beaucoup – dont un ministre - parlent d'un possible "effet Streisand", en référence à la chanteuse Barbara Streisand qui avait empêché la divulgation d’une photo, pour finalement être vue 400.000 fois. Elisabeth Borne a mis involontairement un coup de projecteur sur un fait qui aurait pu passer sous les radars, mais la macronie la défend.

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Ou atteintes à la liberté de la presse?

Décrire le suicide de son père, "c’est effroyable", dit un ministre: "Ces passages ne disent rien de la politique qu’elle mène". Même ses opposants politiques, à gauche ou à droite, se mettent à sa place, estimant qu’il y a des limites. Un point fait tout de même tiquer un député LR ou un autre du PS, c’est l’ambiguïté autour de son compagnon.

Certains soulèvent aussi la question de la liberté de la presse. C'est précisément ce qui inquiète Bérengère Bonte. Elle n’ose pas imaginer que la justice lui fasse retirer une virgule: "Si l’on ne peut pas publier une enquête costaude, avec du contradictoire, étayée, et faite en toute transparence, je ne sais pas ce que qu’on pourra publier". A la veille de l’audience, Matignon se refusait à tout commentaire.

Hélène Terzian avec MM