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Revirements, contradictions, reports... Comme un sentiment de cacophonie au gouvernement

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Un manque de cohésion dans le gouvernement? Depuis quelques jours, il est difficile de voir clair dans la communication de l'exécutif. Les ministres s'activent pour préparer des textes, dans le cadre des 100 jours fixés par le chef de l'État, mais il y a des contractions. Dans la majorité présidentielle à l'Assemblée aussi, des frictions sont visibles.

Il y a des annonces, puis des reports, des revirements, des contradictions... Depuis quelques jours, il est difficile de suivre et de comprendre la communication de l'exécutif.

Un plan sur le logement devait être présenté cette semaine, il est finalement reporté. L'exécutif voulait remettre sur la table un texte anti-casseur après le 1er mai, immédiatement, le ministre de la Justice prévient: il ne faut pas légiférer sous l'émotion.

Surtout, il y a un nom qui revient c'est celui de Gérald Darmanin, l'ambitieux ministre de l'Intérieur. Comme si lui, il pouvait s'affranchir de toute stratégie gouvernementale.

Des annonces et des incohérences

Sur ces deux derniers jours, par exemple, Elisabeth Borne défend mardi le droit de manifester, y compris pour les militants d'extrême droite et moins d'une heure plus tard, Gérald Darmanin annonce des arrêtés pour interdire ces défilés.

Autre exemple, Elisabeth Borne retire de sa feuille de route des 100 jours le texte immigration, de son côté, Gérald Darmanin fait pression et voilà qu'il revient dès juillet.

Il y a d'ailleurs un signe qui ne trompe pas sur la tension entre les deux. La Première ministre a atterri ce matin sur l'île de la Réunion, sans le ministre de l'Intérieur, qui est pourtant aussi en charge des Outre-mer.

"Les ministres font ce qu'ils peuvent pour exister"

La situation semble donc assez complexe et beaucoup pointent l'absence de cohésion d'une manière générale dans l'exécutif.

"Emmanuel Macron prend la main sur tous les dossiers, et les ministres font ce qu'ils peuvent pour exister. Ça les rend tous un peu idiots", analyse un marcheur de la première heure.

Chacun y va de ses annonces: fiscalité, mixité, numérique... Matignon insiste et demande aux ministres de s'activer, et malgré l'embouteillage, il faut faire vite car le compteur des 100 jours fixés par le Président défile.

Les doutes de certains

"Le délai est restreint, alors c'est normal qu'il se passe beaucoup de choses", défend un conseiller de l'exécutif. Pour autant, "au final, on sait parfaitement qu'au mieux, 10% seront exécutés", casse, de son côté, un cadre de la majorité.

Ajouté à cela l'autorité réduite d'une Première ministre dont le mandat est en sursis jusqu'au 14 juillet. Alors logiquement, "l'après Borne a déjà démarré et chacun se positionne", prévient une voix macroniste.

Ce manque de cohésion se retrouve aussi dans la majorité présidentielle à l'Assemblée. Elle est composée de trois groupes: les macronistes de Renaissance, les Modem derrière François Bayrou, et les Horizons, derrière Edouard Philippe. Sauf que depuis plusieurs semaines les tensions sont vives entre les trois camps et l'unité est mise à mal.

"Beaucoup ont acté qu'ils ne se représenteraient pas"

Les engueulades et les règlements de comptes sont nombreux. Selon les informations du service politique de RMC, le ton est monté lors d'une réunion entre les trois chefs de groupe de la majorité en fin de semaine dernière. "Ça a viré au pugilat", dit même un député Renaissance.  

En cause, le sentiment pour le Modem et Horizons de ne pas être suffisamment considéré par les macronistes. Renaissance qui, par exemple, a décidé de présenter, sans l'aval du Modem, son texte sur les drapeaux européens. Preuve de l'épuisement et de la désagrégation, les rangs de la majorité sont de plus en plus clairsemés "Beaucoup de mes collègues ont déjà acté que, de toute façon, ils ne se représenteraient pas", assure un cadre.

Cyprien Pézeril (édité par AB)