Tout ce qu'il faut savoir des liens de François Fillon avec la Russie

François Fillon a dû s'expliquer mardi sur ses liens avec des entreprises russes. L’ancien Premier ministre a été auditionné par une commission d'enquête parlementaire sur les ingérences des puissances étrangères. Curieuse commission d'enquête en vérité. Elle a été créée à la demande du Rassemblement national de Marine Le Pen pour enquêter sur les ingérences politiques, visant à influencer ou à corrompre les dirigeants politiques français.
C'était surtout une réponse à l’automne dernier à des députés de la majorité qui envisageaient une commission d'enquête parlementaire sur les liens entre la Russie et le Rassemblement national. Les liens financiers notamment. Le parti de Marine Le Pen avait pris les devants en élargissant la question à toutes les ingérences qui peuvent toucher tous les partis. Et Jean-Philippe Tanguy, le député RN qui préside cette commission n’a pas caché qu’elle a surtout pour objectif de laver l’honneur de son parti.
L’audition de François Fillon mardi était très attendue. Il a siégé au conseil d’administration de deux entreprises russes dans le secteur du pétrole. Et il est, comme ancien Premier ministre, l'homme politique le plus important parmi ceux qui sont soupçonnés d'être pro-russe. Mardi, il s’est expliqué pendant plus de deux heures. Il a commencé par préciser qu’il a définitivement quitté la politique en 2017. Et il est depuis redevenu un homme privé qui n’a de comptes à rendre à personne. Ce qu’il illustre par cette formule: “Si j’ai envie d’aller vendre des rillettes sur la place rouge, je vais vendre des rillettes sur la place rouge”. En l'occurrence, ce qu’il a vendu ce n’est pas des rillettes, c’est son expérience et son carnet d’adresses.
Pas payé par la Russie
Il a affirmé mardi devant les députés n’avoir jamais touché un centime en provenance de Russie. Il a convenu qu’il aurait dû être payé par ces deux sociétés russes, mais il n’en a pas eu le temps. Sa collaboration a commencé fin 2021, il a assisté à un deux conseils d’administration, un dans chaque entreprise. Puis la Russie a lancé le 24 février 2022 l’invasion de l’Ukraine et dès le lendemain, François Fillon a démissionné de ses deux postes. Il n’a donc jamais été payé.
François Fillon conteste donc avoir participé à une “ingérence” russe en France. Et il estime plus largement que les Russes tentent effectivement de s'ingérer dans la vie politique des pays européens, mais selon lui, c’est tellement visible, tellement grossier, que cela n’a aucune influence sur les opinions occidentales.
Quid des autres pays?
François Fillon estime qu’il faut prendre beaucoup plus au sérieux d’autres ingérences. À commencer par celle des Américains qui régentent l’économie mondiale, sanctionnent sans raison des entreprises comme la BPN. Et il raconte: “Des ingérences, j’en ai rencontré. Par exemple, lorsque j’ai été écouté par la NSA américaine. Les services secrets américains l’ont écouté pendant 5 ans”, dit il. Lui et Nicolas Sarkozy et tous les membres du gouvernement français.
Des ingérences, il en voit aussi de la part de la Chine et de ses pratiques d'espionnage. Il raconte aux députés comment une délégation chinoise a volé des clés USB en visitant les usines d’Airbus. Il affirme que quand il va en Chine, il n’emporte ni son téléphone portable ni son ordinateur personnel.
Sur le financement par les Russes de la vie politique française, François Fillon a affirmé n’avoir aucune information. Mais le mois dernier, un ancien ambassadeur de France en Russie était venu devant cette commission d'enquête affirmer que “tout le monde sait que des responsables du Rassemblement national venaient en Russie chercher des enveloppes et qu’ils ne repartaient pas les mains vides”.
Ce qui n’est pas vraiment ce qu’avait envie d’entendre Marine Le Pen, à l’origine de cette commission d'enquête.