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Qui est Paul Rusesabagina, l’homme qui a inspiré le film Hôtel Rwanda, condamné à 25 ans de prison?

Paul Rusesabagina, connu pour avoir permis le sauvetage de plus d'un millier de personnes durant le génocide de 1994 a été reconnu coupable lundi par un tribunal de Kigali "d'avoir fondé et d'appartenir" au Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle accusé d'avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.

"Hôtel Rwanda", c'est un film hollywoodien qui racontait l’histoire vraie du directeur de l'hôtel des Mille Collines à Kigali pendant le génocide de 1994. Hôtel de luxe où s'étaient réfugié plus de 1.200 Tutsis qui ont eu la vie sauve, en grande partie grâce à ce directeur Paul Rusesabagina.

Un homme de quarante ans à l’époque, qui connaît beaucoup de monde, qui joue de sa proximité avec les génocidaires, qui offre à boire aux tueurs pour qu’ils épargnent son établissement. Mais qui déploie aussi son énergie a donner l’alerte. Il appelle la Maison Blanche, le Quai d’Orsay à Paris, les autorités belges. Certains lui reprochent de faire payer les réfugiés terrorisés qui se serrent à dix par chambre. Il répond que c’est avec cet argent qu’il paye les assassins pour qu’ils n’assassinent pas. 

En tout cas à la fin, les 1.200 Tutsis des Mille Collines font partie des rares rescapés du génocide à Kigali. Et en 2004, le succès du film fait de lui un héros internationalement reconnu, reçu par exemple dans le bureau ovale de la Maison Blanche par Georges Bush.

Réfugié en Belgique

Les choses vont se compliquer lorsqu’il se lance en politique. Paul Rusesabagina s’est réfugié en Belgique après la guerre. Il est devenu chauffeur de taxi à Bruxelles. Il n’est pas en phase avec le président rwandais, l’autoritaire Paul Kagamé et il participe à la création d’un mouvement politique, mouvement doté d’une branche armée qui va effectivement commettre des attentats.

Le héros de cinéma devient alors un homme à abattre pour le régime. Et il va se faire piéger. Alors qu’il vit à Dubaï, on lui propose de faire une conférence au Burundi. Il accepte, monte dans un jet mais l’avion se pose au Rwanda où il est aussitôt arrêté. Les organisateurs de la soi-disant conférence avaient été payés pour le tromper.

Le directeur d'hôtel a dénoncé un enlèvement puis l’organisation d’un procès politique. Il a refusé de participer aux audiences. Lundi, le verdict a été rendu. 25 ans de prison pour cet homme qui a aujourd’hui 67 ans. Héros pour les uns, terroriste pour les autres…

Nicolas Poincaré