RMC

A Nice deux mondes s'opposent: "Sur la plage les gens s'amusent alors que d'autres pleurent à côté"

Quelques jours après l'attentat de Nice, les vacanciers sont de retour sur la plage.

Quelques jours après l'attentat de Nice, les vacanciers sont de retour sur la plage. - Boris Horvat - AFP

Après trois jours de deuil, la vie reprend son cours à Nice. Près de la promenade des Anglais, entièrement rouverte à la circulation, joggeurs, touristes et locaux commencent à se réapproprier la plage. Un retour à la normale qui n'est pas du goût de tous.

Sous un soleil radieux, la Baie des anges a repris ses airs de carte postale. Six jours après l'attaque qui a fait 84 morts sur la promenade des Anglais, les passants viennent toujours rendre hommage aux victimes. En parallèle, les vacanciers ont aussi fait leur retour sur la plage, comme Fabienne, médecin en vacances à Nice depuis lundi. Elle assume totalement de fréquenter la plage, en dépit du drame.

"Je suis là avec ma crème solaire, mes lunettes de soleil et je bronze malgré ce qui s'est passé à quelques mètres, malgré le fait que ma soeur y ait échappé de peu. De toute façon, ça ne changera strictement rien", estime cette vacancière.

"Pas de scrupules à prendre des vacances"

Pour elle, la vie doit continuer. "Les gens qui ont malheureusement été lâchement assassinés étaient là aussi pour s'amuser, pour profiter de Nice de sa plage, de son soleil. Je n'ai pas changé mon programme. Et je n'ai pas de scrupules à prendre des vacances du tout", poursuit Fabienne. Mais cette attitude choque certains Niçois comme Alexis, 17 ans.

"Sur la plage, il y a des gens qui rigolent avec leurs familles, qui s'amusent alors qu'il y a des gens qui pleurent juste à côté devant les fleurs des victimes. Ca me sidère moi. On dirait deux mondes différents. Comme si ces gens avaient déjà oublié. Moi je ne comprends pas, ça m'énerve", conclut-il. 

Des vacanciers sous la douche pendant la minute de silence

Un contraste qui heurte aussi René. Même si la période de deuil national est terminée, il regrette que les habitudes estivales aient repris si vite et y voit un manque de respect à l'égard des victimes.

"J'étais à la minute de silence et au moment de la faire, il y a des gens qui étaient sur la plage, qui venaient prendre leur douche. C'est quoi ça? J'aurais aimé que pendant quelques jours, symboliquement il n'y ait personne sur cette plage, spontanément", regrette-t-il. 

Si les plages sont moins bondées que d'ordinaires, elles sont fréquentées par des touristes, mais aussi par des locaux. Fabien travaille dans un restaurant sur la promenade des Anglais, il comprend ce besoin de revenir à la vie normale. "La carte postale idéale de Nice, c'est les vacances, le soleil. il faut que ça prenne le pas sur la barbarie du 14 juillet", estime-t-il. Pour lui, même s'il ne faut pas oublier le drame, revenir à la plage et dans les restaurants est "la meilleure réponse au terrorisme".

Carole Blanchard avec Elodie Messager