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EPR de Flamanville: "Valider l'excès de confiance de l'industriel, c'est très grave"

Malgré les anomalies détectées dans sa cuve, l'EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville devrait démarrer. L'Autorité de sûreté nucléaire précise toutefois que l'exploitant devra changer le couvercle d'ici 2024. Pour Yves Marignac, expert indépendant sur le nucléaire, la sûreté promise initialement n'est pas au rendez-vous.

Malgré ses anomalies, l'EPR de Flamanville devrait démarrer avec sa cuve initiale, malgré ses anomalies. Un défaut avait été détecté fin 2014 sur le couvercle de cette cuve. Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet a précisé que les conditions étaient "suffisantes", mais que le couvercle ne peut "être utilisé que pour une durée limitée", fixée à fin 2024.

Une mise en fonctionnement déplorée par l'expert indépendant sur le nucléaire Yves Marignac: "Ce réacteur pourrait démarrer avec une cuve qui, dès le départ, va fonctionner avec moitié moins de marge de sécurité vis-à-vis du risque de rupture que ce qui était initialement prévu. Or la cuve c'est la partie centrale au cœur du réacteur dont la rupture n'est pas envisageable, ni envisagée".

"On savait dès 2006 que le risque existait"

Et selon lui, cette anomalie était connue depuis bien longtemps: "On savait dès 2006 quand on a commencé à forger ces pièces que le risque existait, et que l'industriel Areva et son commanditaire EDF ont attendu 2014 une fois que la cuve était en place pour faire connaitre à l'Autorité nucléaire le fait qu'effectivement, il y avait une surconcentration de carbone à l'origine de cette fragilisation".

L'expert, lui, n'aurait pas validé cette mise en service: "Valider aujourd'hui l'excès de confiance, le caractère très tardif des essais de l'industriel et donc le fait accompli devant lequel il a mis l'Autorité de sûreté nucléaire, c'est grave pour la cuve de l'EPR et la confiance que l'ensemble des parties prenantes peut avoir dans la sûreté. L'industriel a été en capacité par des zones grises de la réglementation d'imposer à l'Autorité de sûreté nucléaire une décision qui est dérogatoire au principes fondamentaux de sûreté".

Yves Marignac pointe aussi le haut niveau de pression subi par l'Autorité de sûreté nucléaire: "Je ne dis pas qu'il y a une pression exercée sur tel ou tel acteur mais la situation même créé une pression sur l'ASN".

P.B.