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"Je ne veux pas qu'on tue mon troupeau": à cause de la dermatose, les exportations de bovins suspendues

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Le gouvernement a décidé de suspendre, pour 15 jours, l'exportation de bovins en raison de la propagation de la dermatose nodulaire. Un coup de massue pour les éleveurs et leur trésorerie et des inquiétudes pour leurs bêtes. "Je veux pas que du jour au lendemain on me flingue toutes les vaches", redoute ainsi Daniel.

"Coup de massue" pour les éleveurs: face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse dans les troupeaux bovins de trois régions françaises, le gouvernement a décidé vendredi de suspendre les exportations d'animaux vivants pendant quinze jours.

Sur son exploitation, Daniel élève des blondes d’Aquitaine. Un troupeau de 20 vaches à viande. Avec la suspension, impossible pour lui d’exporter vers l’Italie, son principal acheteur. Des veaux qu’il ne vend pas et qui lui restent sur les bras, alors qu’il n’a ni les ressources ni les infrastructures.

"Ça me fout les larmes aux yeux"

"La trésorerie ne va pas rentrer, car on ne peut pas vendre, et ça va coûter de l’argent puisqu’il faut acheter de la nourriture. Ensuite, dans 15 jours, tout le monde va mettre ses animaux sur le marché, et les cours vont se casser la figure", déplore-t-il auprès de RMC.

Pendant 15 jours, l'agriculteur va “serrer les dents” mais craint la prolongation de la mesure, et surtout vit dans la peur de l’abattage de son troupeau en cas de contamination.

"Ça me fout les larmes aux yeux à chaque fois. Je me mets dans le cas où j’ai un animal malade... Je ne sais pas si je vais le dire. Je veux pas qu’on me tue mon troupeau. J’ai mis 30 ans à le monter, je veux pas que du jour au lendemain on me flingue toutes les vaches."

Une gestion de crise "catastrophique", dénonce la Confédération paysanne

Une gestion de crise “catastrophique” selon Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne du Gers, qui plaide pour une vaccination massive. "Il aurait fallu l’anticiper. À chaque fois on nous a dit : 'Si on vaccine, on ne peut pas exporter.' Sauf qu’aujourd’hui, on ne vaccine pas et on ne peut pas exporter non plus.” Elle appelle à la mise en place d’indemnisations pour les éleveurs, afin de pallier les pertes subies.

La FNSEA appelle l'Etat à "revenir sur cette mesure"

La FNSEA, qui avait jusque-là soutenu toute la stratégie gouvernementale, s'est dit très surprise par la suspension des exportations décidée "sans concertation".

Au moment où le syndicat dominant attendait des assouplissements pour exporter les jeunes bovins vaccinés depuis les zones réglementées, il ne comprend pas l'arrêt total des exportations sur l'ensemble du territoire.

"Nous appelons la ministre à revenir sur cette mesure", a déclaré à l'AFP le président de fédération nationale bovine (FNB) et vice-président du syndicat Patrick Bénézit, qui appelle le gouvernement a plutôt faire respecter sa stratégie précédente.

Léonie Guilbault avec Léo Manson