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Les chiens et les chats sont-ils vraiment "catastrophiques" pour le climat?

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François Gemenne, expert du Giec, avait prévenu que ses propos allaient sûrement susciter de l'indignation: il a assuré lors d'une chronique télévisée la semaine dernière que les données scientifiques montraient que les chiens et chats avaient un impact nocif pour la planète. Une affirmation qui, bien qu'appuyée par la science, fait polémique.

"Le chat est une catastrophe pour la biodiversité, le chien une catastrophe pour le climat". En une seule phrase, François Gemenne, membre du Giec (regroupement d'experts scientifiques sur la question du changement climatique), a réussi à mettre en rogne beaucoup de monde. Il y a en effet, comme il le rappelle, plus de foyers qui possèdent un animal de compagnie que de foyers avec un enfant en France.

"Une bonne partie de la déforestation sert aux cultures dédiées aux aliments pour animaux domestiques", arguait François Gemenne sur LCI, reconnaissant tout de même que les animaux domestiques "remplissent une fonction sociale importante".

Menaces de mort

Une nuance qui n'a pas suffi à calmer les ardeurs qu'il qualifie de "délirantes" à ce sujet, de la part de personnes choquées par son discours, allant même jusqu'aux menaces de mort. Pourtant, cet avis est bien basé sur des données scientifiques.

En effet, les 15 millions de chats que l'on a en France chassent activement des oiseaux et des petits mammifères (68% de petits mammifères, dont les rongeurs, 22% d'oiseaux et 8% de petits reptiles selon le Muséum d'histoire naturelle cité par Franceinfo), d'où l'impact nocif pour la biodiversité. Et les chiens, surtout les gros, ont impact carbone fort en raison de leur alimentation.

Muriel Arnal, présidente et fondatrice de One Voice, association défendant les droits des animaux, estime que François Gemenne fait "un raccourci sur une vérité".

"Ce sont bien les humains qui sont responsables des 11 millions de chats qui se retrouvent dans nos rues et campagnes sans famille et qui créent énormément de dégâts car ils n'ont rien pour se nourrir et doivent survivre comme ça dans la nature", appuie-t-elle, invitée de Charles Matin sur RMC ce lundi.

L'invitée de Charles Matin : Les chats et les chiens dangereux pour la biodiversité ? - 18/12
L'invitée de Charles Matin : Les chats et les chiens dangereux pour la biodiversité ? - 18/12
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La solution à cela? Des campagnes de stérilisation plus importantes. "Cela fait des années que l'on demande la stérilisation des chats pour qu'il n'y ait plus ce fléau pour la biodiversité et pour les chats eux-mêmes. Nous ne sommes toujours pas entendus, pourtant ce serait bénéfique pour les chats et pour la biodiversité", estime Muriel Arnal, qui regrette que la politique actuelle ne consiste qu'à un "saupoudrage" d'argent public de temps à autres.

"Il faut une stérilisation automatique comme c'est le cas en Wallonie", réclame-t-elle pour éviter les abattages massifs en fourrière. "Là-bas, ça a permis de diviser par trois le nombre de chats abattus. (...) La France n'est pas bonne élève sur ce sujet", juge-t-elle.

Leboncoin pointé du doigt

L'association de défense des animaux pointe également l'effet néfaste des petites annonces en ligne qui ne garantissent rien en termes de santé.

"On a déposé plainte contre un grand site (Lenoncoin) qui ne fait ce qu'il faut pour vérifier. Proposer un animal comme un pull ou des chaussures, cela ne va pas. On ne peut plus faire cela", dénonce Muriel Arnal, de One Voice.

Concernant la nourriture des chiens, elle nuance là aussi les propos de François Gemenne. "Les chiens et les chats mangent ce que les humains ne mangent pas. On ne produit pas spécifiquement pour les chiens", corrige-t-elle, estimant qu'il faut tout de même sortir de l'élevage intensif en général.

Sur le rôle social des animaux de compagnie, Muriel Arnal estime que l'on a "besoin de ce lien à l'animal", surtout dans une société où l'on serait "de plus en plus isolés".

J.A.