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Comment gérer le froid au zoo de Paris? "Les lions ont des rochers chauffants"

Les lions du Parc zoologique de Paris

Les lions du Parc zoologique de Paris - Patrick Kovarik - AFP

La plupart des espèces d'animaux venues de régions lointaines sont facilement sensibles à cette vague de froid. Pour les protéger des températures négatives, les employés du Parc zoologique de Paris ont différentes techniques, comme installer des rochers chauffants pour les fauves.

Alexis Lécu, vétérinaire et directeur scientifique du Parc zoologique de Paris:

"Tous les animaux ne sont pas aussi sensibles au froid que les humains. il y en a avec des fenêtres thermiques très étroites par rapport aux nôtres, notamment les reptiles, ou tous les animaux qu'on dit 'à sang-froid' et qui n'ont pas le moyen de générer de la chaleur. Ce sont ceux qui, hiver ou pas, sont sous des lampes chauffantes avec une température régulée toute l'année.

D'autres ont besoin de ce froid-là dans leur cycle naturel, notamment les espèces européennes de reptiles ou d'amphibiens. Ces dernières vont encaisser cette descente de température, laquelle participe à leur cycle biologique et au déclenchement de leur cycle de reproduction. Enfin, certains tolèrent des amplitudes thermiques, à peu près comme l'humain peut le faire.

"Des rochers chauffants pour les gros fauves"

Mais on a tout de même anticipé cette vague de froid parce que quelle que soit la température extérieure, nous avons une température régulée pour les reptiles entre 25 et 30°C toute l'année. Derrière, il y a des mesures qui dépendent des animaux. Par exemple, les gros fauves, comme le jaguar ou le lion, ont besoin d'encaisser des baisses de températures. Du coup, nous avons des rochers chauffants. Sous les rochers, à certains endroits, il y a un serpentin de résistance qui permet de les chauffer. Dès qu'il commence à faire froid, les animaux sont tous dessus et bénéficient d'un point chaud sous le ventre.

Pour d'autre animaux, les babouins par exemple, nous allons les rentrer un peu plus tôt et les sortir un peu plus tard. Quand il y a des températures négatives, nous attendons que le soleil tape bien sur leur enclos pour les mettre à l'extérieur, on va les sortir vers 11h ou midi.

On augmente aussi un peu les rations alimentaires pour beaucoup d'espèces de mammifères et d'oiseaux, parce qu'ils vont brûler plus de calories afin de générer de la chaleur. Nous avons une ration d'hiver un peu supérieure à celle de l'été, ils ont besoin de faire un pannicule adipeux, qui est l'épaisseur de gras qu'ils vont se faire sous la peau pour se protéger. Par exemple, les otaries en cette période de l'année ont un pannicule adipeux plus important, et il faut avaler plus de poissons pour y parvenir.

"L'animal le plus sensible au froid reste le visiteur"

Le froid engendre surtout d'autres difficultés. Nous avons beaucoup de plans d'eau, ça gèle et nous devons alors casser la glace pour éviter que les animaux soit se blessent, soit s'en servent pour s'échapper, soit glissent sur les enclos. Au cas où la vague de froid se prolonge, ce qui ne va pas forcément se produire, c'est à nous que ça pose le plus de complications dans la gestion. Pour eux, ça ne changerait pas grand-chose. Souvent, le problème essentiel pour les animaux est le courant d'air et la différence rapide de températures.

Si la vague de froid dure un peu trop longtemps, des oiseaux dans la grande volière, parmi lesquels certains sont à la limite de migrer, risquent de se déplacer dans la nature quand il gèle. Si les températures restent basses, nous allons les ramener pour les mettre à l'intérieur. Nous avons quelques plans B pour bouger deux ou trois espèces à la marge.

Au final, l'animal le plus sensible au froid reste tout de même le visiteur, qui a un peu plus de mal à se déplacer et à venir. C'est pour ça que nous avons cette grande sphère d'animaux, qui ne dépend pas du tout de la température extérieure, puisqu'il y fait tout le temps 23 à 25°C toute l'année."
Propos recueillis par Florian Huvier