Offrir un cadeau de Noël à son animal de compagnie, "c'est se faire plaisir à soi-même"

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Jean-Luc Vuillemenot est responsable de l'agence conseil Animal, Faits et Société, il a été secrétaire général de l'Afirac (Association française d'information et de recherche sur l'animal de compagnie).
"Lorsque l'on offre un cadeau à son animal, on se fait avant tout plaisir à soi-même. Il y a un certain nombre de cadeaux et d'objets qui circulent aujourd'hui sur le marché qui n'apporteront pas grand-chose en terme de bien-être à votre animal de compagnie. Le propriétaire a du plaisir à penser qu'il fait plaisir à son animal. Mais pour un animal, ça ne signifie pas grand-chose.
Les 'marchands du Temple' se sont engouffrés sur ce marché. Mais un animal n'aura absolument rien à faire d'un cadeau, d'autant plus si ce n'est pas un cadeau alimentaire. Les acteurs de l'économie ont bien identifié ce levier qui est le levier de l'attachement et de l'émotion. Cette offre de cadeaux de Noël pour les animaux de compagnie s'est développée car les Français ont un attachement envers leur animal, attachement qui s'est renforcé au fil des années autour de la valeur affective et émotionnelle autour d'un animal de compagnie.
"On ose plus facilement mettre ce cadeau au pied du sapin"
Je pense qu'aujourd'hui nos contemporains, sont moins pudiques dans leurs relations avec leurs animaux qu'ils ne l'étaient dans les années 50. La parole est plus libérée, il est plus facile de dire que l'on a de l'attachement pour son chien et son chat voire de la manifester en allant acheter un cadeau de Noël. On ose plus facilement mettre ce cadeau au pied du sapin.
Cette évolution de notre mode de relation avec notre animal de compagne est à mettre en lien avec le changement de nos sociétés occidentales, avec le regroupement démographique dans de grandes zones urbaines, avec le développement de la vie urbaine, des emplois du tertiaire qui nous ont éloigné de la ruralité qui étaient l'essence de notre pays autrefois. Donc les chats et les chiens subissent cette translation et n'ont plus vraiment d'utilité. Le chat chassait des souris, le chien gardait la cour et progressivement, la valeur d'attachement s'est développée. L'animal est devenu compagnon de la famille.
L'animal fait aujourd'hui partie du cercle familial parce qu'il y a été totalement intégré. Et on va vouloir symboliser cette relation affective parce que Noël a encore cette notion judéo-chrétienne d'offrande que l'on fait à ce moment-là.
C'est une tendance qui va, à mon avis, se conforter. Après, la question sera de poser certaines limites. Jusqu'où aller dans ce geste qui matérialise l'attachement?"