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"On résistera pour qu'elles ne rentrent pas chez nous": fusil à la main, ces Pyrénéens guettent l'arrivée des ourses

Des éleveurs guettent l'arrivée d'ours dans les Pyrénées Occidentales

Des éleveurs guettent l'arrivée d'ours dans les Pyrénées Occidentales - HO, ARAN PARK/AFP/Archives

Deux ourses slovènes seront lâchées dans le département d'ici le mois prochain. Le lieu et la date exacte sont maintenus secret.  La raison? Une population mobilisée chaque nuit contre cette réintroduction.

Depuis 5 jours, Serge Lousplaas, patrouille dans la vallée de l’Ouzom, fusil à la main. Il fait partie d’un déploiement bien organisé contre l’arrivée prochaine d’ours dans les Pyrénées Occidentales. ”On est sur le terrain, on se relaie, on a des groupes dans chaque vallée et qui attendent qu'un convoi arrive”.

Une quarantaine d’éleveurs, bergers et riverains sont mobilisés dans les montagnes. Des renforts doivent arriver du Pays Basque et des départements voisins dès ce vendredi.

Tous sont là pour guetter l’arrivée d’un convoi: hors de question pour cet éleveur pyrénéen de vaches et de chèvres de laisser deux ourses en liberté près de ses pâturage :

”Si elles sont lâchées, on organisera des battues pour qu’elles s’en aillent tous simplement, en plaines, en Espagne ou n’importe où, mais elles ne resteront pas dans nos vallées. On vit dans nos montagnes, on y travaille, on les entretient. On résistera pour qu'elles ne rentrent pas chez nous, il en est hors de question”, promet l’éleveur.

Lutter coûte que coûte contre ces animaux sauvages mais aussi combattre le gouvernement, martèle Olivier Maurin, de la Fédération des éleveurs pyrénéens:

”Ca fait maintenant des mois qu’on a essayé de se battre de manière démocratique, de saisir le ministère de l’environnement et la préfecture de l’Occitanie, rien n’y fait. L’Etat veut passer par la force et ça c’est insoutenable”.

Le lieu du lâcher tenu secret

La réintroduction devrait se faire dans les heures ou jours qui viennent, mais le moment précis et le lieu va rester secret, pour éviter tout débordement. Selon les informations données par les autorités, les deux ourses slovènes vont être relâchées dans une zone où leurs congénères masculins ont l'habitude d'être aperçus. Une vingtaine de communes ont ainsi déjà été identifiés.

Mais le site précis sera très protégé: toutes les pistes qui permettent d'y accéder seront fermées quatre à cinq heures avant le lâcher, puis, après au moins durant 24 heures.

L'objectif est évidemment de protéger au maximum les deux animaux qui seront déjà très stressés par leur capture en Slovénie et les 25 heures de trajet. Le convoi devrait arriver sur le site en pleine nuit.

Ce lâcher doit tenter de relancer la population d'ours dans l'ouest des Pyrénées, où ne subsistent plus que deux mâles, sans aucune femelle.

Anaïs Bouitcha & Jean-Wilfried Forquès