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Pas de pluie depuis 26 jours: une "canicule d'hiver" et une sécheresse aux graves conséquences

Si quelques gouttes parsèment le pays, il ne pleut plus assez en France cet hiver, depuis trop longtemps, et les conséquences sont inquiétantes avec un niveau de nappes phréatiques au plus bas.

Du jamais-vu depuis plus de 30 ans. Il ne pleut plus depuis 26 jours en France, comme l'explique Météo France, et les choses ne devraient pas s'arranger radicalement dans les 15 jours à venir. Ce qui ferait du mois de février 2023 le mois de février le plus sec jamais enregistré en France. Emma Haziza, hydrologue et docteur de l’école des Mines de Paris, alerte dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story, rappelant que les conséquences de cet hiver sec se répercuteront cet été.

"Quand on voit qu'on a passé un été 2022 absolument hors-normes, justement parce qu'on n'avait pas eu assez de recharge dans nos nappes hivernales, et qu'on voit qu'on part sur un scénario assez similaire avec un manque de pluie, on accumule un certain nombre de signaux faibles", note-t-elle.

"À partir du 15 mars, les pluies n'arroseront plus que les premières couches du sol"

D'autant qu'au niveau du mercure, on a connu un début d'hiver assez erratique avec des écarts énormes. En décembre, la France a connu une différence de 5.5 degrés en moyenne par rapport aux normales.

"Ce sont des sortes de canicules d'hiver qu'on ne voit absolument pas, dont on ne comprend pas le danger, et qui pourtant vont avoir un impact majeur sur l'ensemble du cycle de l'eau", prévient Emma Haziza. D'autant que la période de novembre à mars est le moment où la terre est rechargée en eau.

"C'est le moment où l'eau peut s'infilltrer jusqu'à la nappe phréatique. À partir du 15 mars, les pluies n'arroseront que les premières couches du sol pour créer le printemps. On peut encore avoir des pluies sur tout le printemps, mais cela n'arrosera que les premières couches du sol et pas les nappes car ce n'est pas au moment où les sols en auront besoin."

"En Europe, depuis 20 ans, on a tellement sur-pompé qu'on a modifié la gravité terrestre"

Après la fin de l'abondance pour l'électricité qui s'est traduite par une baisse de consommation de 10% environ de la consommation moyenne en France, est-ce la fin de l'abondance pour l'eau chez les particuliers?

"Bien sûr qu'on peut tous agir à l'échelle individuelle pour faire des économies d'eau, mais le problème est qu'on a énormément de consommateurs et que notre PIB dépend de l'eau: notre énergie et notre agriculture s'appuient sur l'eau, souligne Emma Haziza. Si les agriculteurs ne partent pas vers le système de bassines, il n'y a plus cette agriculture, cela ne marchera pas. On arrive devant un mur avec des systèmes qui se confrontent et certains qui essayent de survivre comme ils peuvent."

"On a pompé massivement dans toutes les nappes, on a usé abondamment nos ressources. En Europe, depuis 20 ans, on a tellement sur-pompé qu'on a modifié la gravité terrestre. On a usé abondamment de l'eau mais en réalité, on ne peut plus car il n'y en a plus assez sur nos continents", prévient Emma Haziza.

J.A.